Au moins dix universitaires ont été blessés par balles dans des heurts avec des gardes pénitentiaires à Bouaké, mercredi 28 dans la soirée. Le Parquet a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les responsabilités des uns et des autres.
Braman Koné, procureur de la République du tribunal de première instance de Bouaké a annoncé l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités et déclencher des poursuites judiciaires contre toutes les personnes impliquées dans les violences qui ont fait au moins dix blessés, dont cinq par balles dans la nuit du 28 novembre.
Selon plusieurs sources contactées à Bouaké, les événements ont été déclenchés à la suite d’une altercation entre un étudiant et deux agents des forces de l’ordre, plus précisément un gendarme et un garde. La bagarre, qui a démarré dans un maquis situé en face du campus II de l’université, selon un communiqué signé du procureur de la République.
Les étudiants, mis en difficulté, ont battu le rappel des troupes dans leurs résidences universitaires avant de converger en nombre vers la prison civile de Bouaké, avec la volonté d’en découdre avec les gardes pénitentiaires.
Des armes à feu face aux étudiants
En face, ces derniers ont fait usage de leurs armes à feu, a confié un ministre du gouvernement. « Nous ne déplorons pas de morts. Il y a eu des blessés par balles, touchés aux membres inférieurs. Ce qui s’est passé est regrettable », a-t-il précisé, sous couvert d’anonymat.
Le bilan officiel fait état de huit blessés dans les rangs des étudiants, dont cinq par balles et de deux blessés du côté des gardes pénitentiaires.
Le lendemain, en guise de représailles, des étudiants ont investi plusieurs établissements scolaires de la ville pour perturber les cours. Les forces de sécurité ont été déployées en nombre pour contenir tout débordement.
Si le calme est revenu à Bouaké, « le chef de l’État n’est pas content. Alassane Ouattara pense que quelles que soient les circonstances, les forces de l’ordre ne doivent pas faire usage de leurs armes face à des civils. Mais, il ne dédouane pas pour autant les étudiants.
Ces incidents se sont déroulés pendant que le président ivoirien, se trouvait à Dakar pour le 62ème congrès de l’Internationale libérale. Il a instruit à ses collaborateurs que le dossier soit géré avec célérité. Depuis quelques semaines, les ivoiriens vivent des éruptions de violence dans plusieurs régions, notamment à Zouan Hounien, dans l’Ouest, ainsi que dans les régions du Tonkpi et à Duékoué, dans le Guemon.
Bouaké cultive son indépendance à l’égard du pouvoir d’Abidjan. On aime y dire non et y défier le pouvoir. À la nuit tombée, la deuxième ville du pays prend parfois des allures de zone de non-droit. On la considère comme la capitale de la rébellion et, malheureusement sa jeunesse semble marquer et façonner par cette sombre époque.
Une ère où la violence, les armes, le vol et la triche faisaient loi. « Ici, c’est le Far West. Trop de jeunes baignent encore dans cette atmosphère d’impunité », se désole Ousmane, un commerçant d’une cinquantaine d’années.
Nicole Ricci Minyem