Même si d’aucuns voient dans le limogeage de Thierry Tanoh, intervenu ce 10 décembre, une action anti-Bédié, le gouvernement met en avant des objectifs non atteints dans le secteur de l'énergie.
Une décision qui n’est pas une surprise car, depuis plusieurs mois, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, a fait des remarques à son ministre, lui reprochant de tâtonner sur plusieurs dossiers, notamment dans le secteur pétrolier. Et, le gouvernement de Ouattara rejette l’idée que se font ses alliés : « On pourrait voir dans ce limogeage les tensions entre le président Alassane Ouattara et son allié Henri Konan Bédié, dont Tanoh est le protégé. Il n’en est rien, son départ est purement technique ».
La mise sur la touche de Thierry Tanoh intervient dans un contexte de situation politique très tendue, marqué par une crise sans précédent entre Alassane Ouattara et son ancien allié du PDCI, dont Tanoh est le protégé. Les deux anciens ne se parlent plus et s’évitent. À plusieurs reprises, le président Alassane Ouattara a annoncé que le « temps des clarifications » était venu avec ses ministres issus du PDCI, ne
cachant pas sa volonté de remanier le gouvernement.
Certes, Thierry Tanoh a fait revenir dans l’offshore ivoirien des majors du secteur pétrolier. Mais tous les contrats signés ne satisfaisaient pas le chef du gouvernement. Dans les 17 contrats de partage de production signés avec les compagnies pétrolières, le montant des bonus à verser à l’État était très bas, dans le contexte de fortes tensions budgétaires que connaît le pays. Les bonus payés par BP et l’américain Kosmos Energy après la signature des permis pétroliers sur les blocs pétroliers (CI-526, CI-603, CI-602, CI-707 et CI-708) étaient de moins de 2 millions de dollars par bloc.
Plusieurs projets dans le gaz naturel ont été arrêtés ou bloqués, notamment l’installation du terminal de regazéification et de stockage de gaz naturel liquéfié dans le port d’Abidjan pour alimenter les centrales thermiquesde production d’électricité du pays. Ce projet deplus 200 millions de dollars est piloté par un consortium conduit parle français Total. Or, depuis plusieurs mois, les négociationsbutaient sur le prix du gaz que paiera le gouvernement. Ce désaccord aretardé l’installation du terminal prévu mi-2018.
Le britannique Vitol était également à l’arrêt sur le bloc CI-202 oùil devrait produire du gaz naturel. En outre, si la capacité deproduction électrique installée a bien augmenté de 55 % depuis 2011,elle n’est aujourd’hui que de 2 200 MW. Soir loin des 4 000 MW quiconstituaient l’objectif par atteindre à l’horizon 2020, rappelé à plusieurs reprises par Alassane Ouattara. Le come-back d’Abdourahmane Cissé
Pour succéder à Thierry Tanoh, Amadou Gon Coulibaly a choisi Abdourahmane Cissé, qu’il a reçu le 9 décembre. Ancien ministre du Budget et du Portefeuille de l’État, qui officiait comme conseiller
spécial du président, ce polytechnicien fait son come-back dans le gouvernement qu’il avait quitté en juillet 2017 en accord avec le Alassane Ouattara et son Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly pour
convenance personnelle.
L’ancien ministre du Budget travaillait déjà sur les questions de pétrole à la Présidence. Parmi les dossiers brûlants qui l’attendent, la relance des négociations avec Total et Vitol.
Nicole Ricci Minyem