La menace d'une invasion russe de l'Ukraine était au menu, lundi, d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU demandée par les États-Unis, durant laquelle la Russie a accusé Washington de chercher à "créer l'hystérie". Ce week-end, Moscou a été menacée de nouvelles sanctions.
Les pays occidentaux intensifient leurs efforts diplomatiques pour éviter un conflit militaire mais le ton des échanges reste vif. La Russie et les États-Unis se sont déchirés, lundi 31 janvier, au Conseil de sécurité de l'ONU sur les troupes massées par Moscou près de l’Ukraine.
La session du Conseil de sécurité s'est tenue à la demande des États-Unis après une tentative vaine de la Russie pour l'empêcher, 10 pays sur les 15 membres du Conseil votant en sa faveur. Cette réunion est "une étape décisive pour amener le monde à parler d'une seule voix" sur cette crise, a estimé Joe Biden.
En marge de cette première réunion du Conseil sur la crise autour de l'Ukraine, le président américain a prévenu dans un communiqué que "si la Russie se détourne de la diplomatie et attaque l'Ukraine, (elle) en portera la responsabilité et subira des conséquences rapides et sévères".
L'ambassadeur de la Russie aux Nations unies, Vassily Nebenzia, a d'emblée accusé Washington de chercher à "créer l'hystérie" et à "tromper la communauté internationale" avec des "accusations infondées".
La Russie rappelle l'invasion de l'Irak en 2003
Son homologue américaine Linda Thomas-Greenfield a rétorqué que le déploiement de plus de 100 000 militaires russes autour de l'Ukraine menaçait "la sécurité internationale". Elle a accusé Moscou de vouloir déployer début février, "preuves" à l'appui, plus de 30 000 militaires supplémentaires en Biélorussie, dont le régime est très proche du Kremlin.
Vassily Nebenzia et son homologue biélorusse Valentin Rybakov ont souligné qu'il s'agissait “d'exercices militaires conjoints" qui se tiendraient en février. "Nous avons des entraînements réguliers avec [la Biélorussie]" comme sur le territoire russe, a fait valoir devant des médias l'ambassadeur russe.
Devant le Conseil, Vassily Nebenzia a demandé sur quelle base l'Occident pouvait affirmer qu'il y avait plus de 100 000 militaires russes déployés aux abords de l'Ukraine, rappelant qu'avant l'invasion de l'Irak en 2003, Washington avait assuré avoir des preuves d'armes de destruction massive dans ce pays, jamais trouvées.
Au ton mesuré, l'ambassadeur de l'Ukraine à l'Onu, Sergiy Kyslytsya, a demandé que son pays ne "soit pas intimidé" par des mouvements militaires. "La priorité est d'arriver à un cessez-le-feu dans la région du Donbass" dans l'est de l'Ukraine, théâtre d'affrontements avec des séparatistes ukrainiens soutenus par Moscou, a-t-il dit.
Washington menace les oligarques russes de sanctions
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit à nouveau discuter de l'Ukraine le 17 février lors d'une réunion régulière consacrée aux Accords de Minsk visant à pacifier le Donbass.
En ouvrant la session du Conseil, Rosemary DiCarlo, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, avait jugé qu'il n'y avait "aucune alternative à la diplomatie" dans la crise actuelle autour de l'Ukraine. "Il ne devrait y avoir aucune intervention militaire" pour la régler, a-t-elle ajouté.
Un entretien téléphonique aura lieu mardi entre les ministres russe et américain des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et Antony Blinken, selon Moscou et Washington.
États-Unis et Royaume-Uni ont brandi dimanche la mesure de nouvelles sanctions contre la Russie. Washington a préparé des "dispositifs de sanctions spécifiques contre des membres de l'élite russe et leur famille" si jamais la Russie attaquait l'Ukraine, a dit lundi la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki.
Les États-Unis ont identifié "des individus appartenant ou gravitant autour du premier cercle du Kremlin", a-t-elle précisé, indiquant que ces personnes étaient "des cibles particulièrement vulnérables" à des sanctions en raison de leurs liens financiers très étroits avec des pays occidentaux.
Sources AFP.