Muhammadou Buhari et son principal challenger, l’homme d’affaires Atiku Abulakar ont présenté leur programme le 19 novembre, quelque temps après le lancement de la campagne présidentielle.
Pendant que l’un entend miser sur son succès en tant qu'homme d'affaires et investisseur, pour "remettre le Nigeria au travail", le président sortant place la lutte contre la corruption au cœur de son discours électoral. Le scrutin proprement dit va se tenir le 16 février 2019 et, plus de 180 millions d’habitants seront appelés à choisir leur Président. 78 candidats sont en lice mais les journalistes parlent d’un duel entre le Président sortant, candidat du Congrès des Progressistes (APC) et le chef de file de l’opposition, Parti Populaire Démocratique (PDP).
Les dissensions au sein du mouvement politique du Président sortant, aujourd’hui âgé de 75 ans, ne peuvent plus lui assurer une victoire totale. Ses concitoyens parlent du ralentissement de l'économie tout comme de graves problèmes sécuritaires dans le pays. C’est sur cet aspect que veut se baser Atiku Abubakar l’ancien vice-président âgé de 71 ans. C’est un homme politique très connu des populations nigérianes et sa réputation d'homme à l'immense richesse a été ternie par des accusations de corruption ou des scandales liés à des conflits d'intérêts, mais aucun de ses détracteurs n'a réussi à le faire comparaître en justice.
Les deux candidats s'affrontent sur des axes volontairement différents.
Dans son allocution, Muhammadou Buhari a affirmé avoir tenu ses promesses en termes de sécurité, d'économie et de lutte contre la corruption depuis son élection en 2015 : "Le Nigeria, plus que jamais, a besoin d'un gouvernement stable, tourné vers le peuple, a-t-il asséné…Nous sommes déterminés à approfondir le travail que nous avons entamé pour que les ressources du pays continuent de bénéficier à la société", dénonçant la corruption comme une "menace existentielle".
La semaine dernière, le directeur de l'agence anti-corruption (EFCC), Ibrahim Magu, s'est félicité d'avoir saisi l'équivalent de 2,3 milliards de dollars, ainsi que des "villas, stations essences, bijoux, voitures, terrains...Toutefois, ces saisies se déroulent souvent hors de toute procédure judiciaire, les opposants de M. Buhari l'accusant de ne cibler que des opposants politiques. Dans son programme dévoilé dimanche, le président Buhari souhaite, comme il y a quatre ans, mettre l'accent sur la création d'emplois et la diversification de l’économie pour être moins dépendant du pétrole et renforcer le système d'éducation. Sur ces points, il y a urgence: environ 60% de la population a moins de 30 ans et le pays devrait devenir le troisième pays le plus peuplé du monde d'ici 2050, derrière l'Inde et la Chine.
De son côté, le candidat du PDP a lancé officiellement son programme dans une vidéo en direct diffusée sur Facebook et Twitter, un "choix stratégique" selon son équipe de communication, pour s'adresser directement aux jeunes électeurs.
Dans un programme de 63 pages largement diffusé sur les réseaux sociaux, il promet notamment mettre en place des programmes de formations professionnelles, afin de porter le secteur industriel à 30% du PIB d'ici 2025 (contre 9% actuellement), et assure pouvoir sortir "50 millions de personnes de l'extrême pauvreté d'ici deux ans".
En donnant le coup d'envoi de la campagne, Buhari a exhorté tous les candidats et leurs partisans à "ne pas enflammer le pays à cause de la politique", alors que les élections au Nigeria ont souvent provoqué de nombreuses violences et, en rappel, le Nigeria est la première puissance pétrolière du continent africain.
Nicole Ricci Minyem