Même si les autorités américaines continuent à prétendre qu’aucun élément de preuve n’incrimine le prince héritier saoudien, après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, les déclarations de Gina Haspel, directrice de l’agence de renseignement est attendue ce jour, au sénat américain. L’information a été donnée il y’a quelques heures, par un membre de cette chambre haute.
Interrogé par la presse américaine pour apporter plus de précision, suite à cette affaire qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, à l’exemple de cette dame qui manifeste devant l’ambassade de l’Arabie Saoudite à Washington, le républicain Bob Corker, chef de la commission des Affaires étrangères, s’est refusé de rentrer dans les détails, à l’issue de la réunion qui a abouti à cette résolution.
La seule information que les journalistes de la presse américaine ont pu obtenir de lui, est l’heure du passage de la cheffe de la CIA, devant les parlementaires triés sur le volet : 17 heures GMT.
L’on se souvient que le 28 novembre dernier, Gina Haspel avait décliné l’invitation des sénateurs, qui l’attendaient pour une rencontre à huis clos. Dans la salle pourtant, l’on avait noté la présence des ministres de la Défense Jim Mattis et des Affaires étrangères Mike Pompeo qui tenaient absolument à avoir les informations dont dispose l’administration de Donald Trump au sujet de l’assassinat de Jamal Khashoggi, début octobre, au consulat saoudien à Istanbul. L’absence de la cheffe de la CIA avait outré de nombreux sénateurs, y compris au sein des rangs républicains.
A la maison blanche, les autorités américaines restent constantes dans leur déclaration. Pour eux, aucun élément direct ne liait le prince héritier saoudien à l’ordre de tuer Jamal Khashoggi.
En attendant que la cheffe de la CIA vienne corroborer ses dires en novembre dernier, Mike Pompeo a affirmé devant les sénateurs que le rapport de la CIA ne contient aucun élément direct liant le prince héritier à l’ordre de mettre fin à la vie de Jamal Khashoggi. Une affirmation que n’acceptent pas les médias américains qui croient fermement que cet assassinat a été commandité par le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane. Ils parlent d’une preuve, notamment un échange de messages avec un proche conseiller supervisant l’opération, Saoud al-Qahtani, dans les heures précédant et suivant le meurtre.
Dans un rapport, l’on mentionne un degré de certitude « moyen à élever », que Mohammed Ben Salmane « ciblait personnellement Jamal Khashoggi et qu’il a probablement ordonné sa mort… ». Les fuites dans la presse auraient provoqué la colère de la patronne de la CIA, alors que la Maison Blanche est accusée de vouloir épargner le prince héritier, en raison notamment des intérêts stratégiques américains au Moyen-Orient.
Donald Trump a déclaré publiquement que le service de renseignement n’avait rien trouvé d’absolument certain : « Il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique. Peut-être, peut-être pas… », a-t-il dit dans un communiqué le 20 novembre.
Critique du pouvoir saoudien, le journaliste vivait depuis 2017 aux Etats-Unis, où il collaborait avec le Washington Post.
Nicole Ricci Minyem