L'ancien président de la République était absent du tribunal. Nicolas Sarkozy est jugé coupable de financement illégal. La présidente de la 11ème chambre correctionnelle Caroline Viguier a rendu ce jeudi sa décision dans l’affaire des dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012, presque deux fois supérieures à leur plafond
Un an de prison ferme
Après cinq semaines d’audience en mai-juin dans le dossier Bygmalion, le parquet avait requis contre Nicolas Sarkozy un an de prison, dont six mois avec sursis.
Pendant la campagne pour sa réélection à la tête de l’Etat en 2012, l’ex président français avait été un “candidat désinvolte », demandant « un meeting par jour », des « shows à l’américaine » et a laissé filer les dépenses sans s’en préoccuper”, avait soutenu le parquet dans son réquisitoire à deux voix.
Contrairement à ses 13 co prévenus (anciens cadres de la campagne et de l’UMP – devenue LR – ainsi que de la société Bygmalion, qui a organisé les meetings) Nicolas Sarkozy n’est pas mis en cause pour le système de double facturation imaginé pour masquer l’explosion des dépenses de campagne autorisées.
Il n’était jugé que pour « financement illégal de campagne ». Il encourt un an d’emprisonnement et 3750 euros d’amende.
Près du double du plafond légal
Mais il a « incontestablement » bénéficié de la fraude, disposant de moyens bien supérieurs à ceux que la loi autorise - au moins 42,8 millions au total, soit près du double du plafond légal à l’époque.
Nicolas Sarkozy avait tout nié en bloc. « Une fable ! », s’était-il emporté à la barre.
« Elle est où la campagne qui s’emballe ? Elle est où la campagne en or massif ? », avait-il aussi scandé, prenant tout le monde à partie.
« Il y a eu des fausses factures et des conventions fictives, c’est avéré, mais l’argent n’a pas été dans ma campagne, sinon ça se serait vu », avait martelé l’ancien chef de l’État, estimant que Bygmalion – fondé par des très proches de son rival Jean-François Copé – s’était “goinfré” sur sa campagne.
Révélé deux ans après la défaite
Sa défense avait plaidé la relaxe: « Il n’a signé aucun devis, il n’a signé aucune facture, il a accepté toutes les restrictions qu’on lui a demandées. Il est loin d’être un candidat hystérique, insatiable », avait mis en avant son avocate Me Gesche Le Fur.
Contrairement à ses co prévenus présents tous les jours, Nicolas Sarkozy n’était venu à l’audience que pour son interrogatoire. Une façon de se placer « au-dessus de la mêlée » qui avait ulcéré le parquet.
La « totale désinvolture de celui qui ne regrette visiblement rien est « à l’image de la désinvolture dans sa campagne », avait lancé la procureure Vanessa Perrée.
Révélé deux ans après la défaite de M. Sarkozy, le scandale avait entraîné des déflagrations politiques en série à droite.
Seuls quatre prévenus – trois ex-cadres de Bygmalion et l’ancien directeur de campagne adjoint du président-candidat Jérôme Lavrilleux – ont reconnu, partiellement, leur responsabilité.
N.R.M