« Les lignes vont bouger »
Les Etats-Unis d'Amérique du Nord demeurent la première puissance mondiale et leur capacité à imposer un agenda à un Etat n'est plus à démontrer. Avant le tête-à-tête avec Biya, le diplomate Américain a invité ce dernier et sa team à être sages en tablant sur le dialogue en zone anglophone et en libérant Maurice Kamto et les siens. Après le tête a-tête, Tibor Nagy déclare que Biya est un homme sage. Par parallélisme de forme, cela veut dire que Biya a consenti à ses prescriptions initiales devant prouver sa sagesse et son tact. Dans les semaines ou les mois à venir, les lignes vont bouger; mais par orgueil, le régime de Yaoundé ne va rien entreprendre dans l'immédiat.
C’est un régime qui subit et plie l'échine tout le temps face aux influences et pressions externes mais qui n'aime pas que ça se sache du commun des mortels. S'agissant de l'affaire Maurice Kamto et Cie qui a tout l'air d'un procès politique appuyé par un code de procédure politique, l'exécutif Camerounais, principal et unique commanditaire n'aura pas de mal à trouver l'échappatoire. La justice qu'elle, soit civile ou militaire, est sous ses ordres et un simple coup de fil fera arrêter toutes les procédures. Notons-le, cette affaire, juxtaposée à la crise anglophone, menace la survie du régime de Biya et s'il y a un domaine où ce dernier brille de mille feux, c'est bien sa capacité à détecter même dans un œuf, les menaces à sa survie.
Quand le diplomate américain aborde les problématiques d'emploi et d'investissement américain, c'est pour signifier ou rappeler à l'ordre gouvernant camerounais le manque à gagner créé par cette crise qui commence à s'éterniser. Ne pas le dire, c'est commettre un déni de vérité: la relation bilatérale entre le Cameroun et les USA est essentiellement et avant tout une affaire d'intérêts économiques et il est de notoriété internationale que quand les intérêts américains sont menacés dans une sous-région ou un pays, le pays de Trump n'hésite sur l'usage d'aucun moyen de pression fût il militaire. Voilà ce qui est rappelé en filigrane au régime de Yaoundé. A la sortie du tête-à-tête, le diplomate américain a reçu des mains de Biya un objet d'art en or massif.
L'Américain lui, a trouvé judicieux de remettre en échange une photo de Biya en compagnie de George Herbert Bush qui date de 1991. On est bien là au cœur du symbolisme et de la subtilité des actes diplomatiques. Philosophiquement, la simple présence de Biya sur une photo avec un hyper Président de regrettée mémoire rappelle à Biya la vanité et le caractère éphémère de la vie et surtout du pouvoir. En outre, cette photo de Biya avec un Président qui a déjà eu au moins 4 successeurs lui rappelle qu'il n'a que trop duré au pouvoir, d'où la nécessité de passer le témoin. Tibor Nagy est d'ailleurs accompagné dans cet acte d'intelligence suprême par l'Ambassadeur Peter Henry Barlerin qui ne file pas le parfait amour avec le régime de Biya.
Propos transcrits par Félix Swaboka