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À un peu moins de deux ans à la tête de l'arrondissement, les rapports entre le sous-préfet de Guidiguis, les responsables des services publics et autres autorités locales ne tiennent désormais que sur un fil. Une situation qui menace sérieusement la paix sociale. 

 

Ze Essié Guy Régis, sous-préfet de Guidiguis, département du Mayo Kani dan la région de l'Extrême-Nord au Cameroun, est accusé de rançonnement des populations, d'abus de pouvoirs et surtout d'incitation à la révolte. Ça se murmure désormais partout, mais nulle part on n'ose en parler. Surtout à visage découvert, par peur de représailles. L'autorité administrative portée à la tête de cette unité le 22 mai 2017 le sait d'ailleurs. Par une lettre anonyme datée du 18 juillet 2018 adressée au ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, les auteurs ont chargé le chef de terre, que l'on surnomme '' le président de la République de Guidiguis''.

Entre autres, cette correspondance, véritable pamphlet contre le fils de l'Est déroule des faits de détournement de 7 000 000 Fcfa pour la réfection de sa résidence, alors que les travaux ont été faits aux frais des populations. Les auteurs de la lettre l'accusent d'être à la fois "bénéficiaire, maître d'ouvrage, et entrepreneur''. Pourtant, les travaux financés par les populations, à sa demande, ont été bâclés : la toiture coule, pas de carreaux aux toilettes, couloirs et chambres. Pourtant, il a décaissé  les fonds y afférents en utilisant l'entête d'une entreprise dénommée KELLE, spécialisée dans la vente de bétails.

L'autre charge et non des moindres, concerne les rackets organisés auprès de 302 chefs traditionnels à hauteur de 20 000 Fcfa chacun. Motif, faciliter leur prise en charge salariale à la direction de l'organisation du territoire. De même, on lui impute le détournement de 450 000 Fcfa, qui représentait l'appui des sénateurs aux comités de vigilance. Au total, « le sous-préfet nous a remis 40 machettes et 40 lampes torches. À l'occasion de la récente fête de la jeunesse, 1 126 000 mobilisés. Curieusement rien n'a été fait de significatif. Même le cocktail prévu par le programme officiel a été annulé sans explication. Pire, un arrêté préfectoral interdisait formellement la collecte de fonds dans le cadre desdites manifestations. À l'initiative du sous-préfet, une collecte de fonds a été organisée pour la construction par la communauté des locaux pour le commissariat local. Là aussi, c'est dans une opacité totale que tout se gère, dénoncent certaines personnes rencontrées. Comment un sous-préfet peut-il faire le porte-à-porte pour exiger aux gens de contribuer pour le commissariat ? Le 23 décembre il s'est rendu lui-même au domicile de Alhadji Yaya Bano pour demander sa contribution. Pourtant, la contribution libre et volontaire. Or, jusqu'ici personne ne peut vous dire avec exactitude ce qui a été mobilisé, qui a donné quoi, où se trouve cet argent ? Tantôt on parle de 4 000 000 fcfa, tantôt c'est plus. Bref, c'est l'opacité totale. Et personne n'a le droit de demander quoi que ce soit », a indiqué un commerçant au marché de Guidiguis. « Et même au deuil, il demande de l'argent pour son carburant. On dirait qu'il n'a même pas une once d'humanité'', a-t-il déploré.

Rencontré, le sous-préfet Guy Régis Essié Ze réfute en bloc toutes ces accusations. Il dit plutôt être victime d'une cabale « pour avoir innové et décidé de restaurer l'autorité de l'état ». Sans se faire prier, l'administrateur y voit les manœuvres du Lamido de Guidiguis, Aliou Ahmadou et du maire de la Commune, David Banmou. ''Je n'ai pas de problèmes avec les populations qui m'apprécient d'ailleurs. Les instigateurs de toute cette cabale contre moi sont le Lamido et le maire. Mais  en grande partie, c'est le Lamido parce que mon prédécesseur le lassait faire au point où il était devenu Lamido, maire et sous-préfet à la fois. Je suis venu le recadrer. Et ça ne pouvait pas lui plaire naturellement. Tout est parti de là. Et il a entraîné dans cette manœuvre le maire qui est une victime facile. Pourquoi n'ai-je pas de problèmes avec le canton de Doubané, l'un de deux cantons que compte l'arrondissement'', a réagi le sous-préfet.

Et de justifier que toutes ces accusations sont infondées. ''Pour le commissariat tout ce que nous avons reçu c'est 325 000 Fcfa que nous avons d’ailleurs utilisé pour fabriquer 18 000 parpaings en utilisant les élèves de notre Cetic pour la main d'œuvre. Au sujet des fonds de chefs de quartiers, effectivement ils m'ont approché pour résoudre leur problème de salaire. J'ai dit que j'allais les aider et c'est ainsi qu'ils se sont mobilisés pour me mettre en mission en payant mon hébergement, restauration, billets d'avion'', s'est-il défendu.

Pour la fête de la jeunesse, ''c'est après concertation avec les chefs d'établissements qu'ils ont plutôt suggéré en lieu et place de cocktail, on ferait mieux de renforcer les prix des élèves avec des fournitures scolaires. Une innovation très appréciée. C'est cette façon de rompre avec les vieilles habitudes qui me valent toute cette agitation et ce sabotage dans un relent tribaliste. Comment peut-on dire que j'ai mal réfectionné ma propre résidence pour enfin encaisser les fonds ? C'est un marché passé dans les règles de l'art et je défie quiconque de me prouver mon implication de près ou de loin dans ce marché. À ce sujet justement, je risque traîner pas mal de gens au tribunal derrière vous'', a t-il conclu.

Le propriétaire de l'établissement Kelle, adjudicataire du marché dit l'avoir gagné à la loyale et confirme que son entreprise existe bel et bien. « J'ai gagné ce marché que j'ai exécuté dans les normes. Et au-delà de ce qui était prévu dans les cahiers de charge, le sous-préfet a demandé que j'équipe son salon. J'ai acheté des meubles pour le satisfaire. Mon établissement fait dans le commerce général, et la vente des matériaux de construction », a-t-il indiqué.

Le Lamido de Guidiguis, Sa Majesté Aliou Ahmadou reconnaît l'existence des problèmes entre lui et l'autorité administrative. Mais se refuse à tout commentaire pour ne pas mettre de l'huile sur le feu. « Nous avons des problèmes avec l'actuel sous-préfet. Ce n'est pas un secret. Mais je n'en dirai pas plus. Un chef traditionnel ne parle pas », a-t-il indiqué.

Même son de cloche du côté du magistrat municipal qui '' reproche '' au sous-préfet ses méthodes. « n ne gère pas les hommes comme on gère les animaux. Si on peut leur renier l'intelligence, il faut néanmoins leur accorder un peu de bon sens. Trouvez-vous normal qu'un chef s'adresse à vous dans une réunion comme on le fait à un enfant : en insultant, humiliant devant vos collaborateurs, vos populations ? Les budgets que nous gérons ont des lignes. Ce n'est pas une boutique où on peut dépenser à notre goût. Ce sont de deniers publics. Et c'est là, la source de nos problèmes. Le 14 avril 2018, à Kourbi il m'a fait des remontrances publiquement, pire qu'un maître à son esclave. Est-ce que c'est normal ? J'ai travaillé avec quatre sous-préfets, je n'ai jamais autant été ridiculisé, je n'ai jamais eu autant de problèmes », a indiqué le maire visiblement dépassé.

 

Published in Société






Sunday, 05 June 2022 11:01