Pour les tradi-praticiens, la médecine alternative (traditionnelle) à une place importante dans la société africaine, et doit être associée à la médecine conventionnelle.
A en croire Dr Emmanuel Nkwenkem Nkwetta, Médecin et tradi-praticien, gynécologue résident en Allemagne, la médecine « alternative », encore appelée médecine traditionnelle, est une nécessité en Afrique. Ceci, dit-il, parce que la médecine conventionnelle règle moins de 50% de problèmes des patients en Afrique, contre 90% en occident. « Après 20 ans comme tradi-praticien, et 3 ans comme médecin, je me suis rendu compte que la médicine traditionnelle est très importante en Afrique. Même si certaines personnes le conçoivent mal, je soutiens que la médecine conventionnelle que nous faisons, ne règle pas les problèmes des africains à 50%, par contre, en Europe, ça règle leur problème à près de 90%. La raison est simple. En Afrique, il y a beaucoup de problèmes mystiques. Il y des gens malade qui ne trouvent pas satisfaction dans les hôpitaux, leur mal n’est jamais détecté, même le traitement n’apporte aucune solution. Ces patients sont soient victimes des couches de nuit, de consommation de repas nocturne… Donc, parfois, il faut tenir compte de certains paramètres avant d’aller à l’hôpital ou à l’église », explique ce tradi-praticien. C’était au cours d’une conférence débat lundi dernier à Douala sous le thème, combinaison entre la médecine conventionnelle et la médecine alternative.
A en croire ces praticiens, la cohabitation entre la médecine moderne et traditionnelle, et même la religion, est une nécessité pour les africains, car les trois sont complémentaires. « Si on a des contraintes au village, il faut y aller avant de se rendre à l’hôpital, ou avant de rencontrer un pasteur. Il ne faut pas oublier la tradition. Les africains doivent prendre conscience de l’importance de la médecine traditionnelle. Quand on ne trouve pas de solution avec les médecins et les prélats, il faut se retourner vers la tradition. Je suis médecin et je sais de quoi je parle », dit-il. C’est d’ailleurs cette complémentarité, qui permet de détecter si le patient a besoin de l’aide d’un prélat, de la médecine moderne ou de la médecine traditionnelle. En effet, expliquent ces médecins traditionnels, certains problèmes comme la possession, ont besoin du suivi d’un prélat.
Formation
Au Cameroun, la collaboration intersectorielle entre les deux pratiques, a contribué à la naissance d’un module d’enseignement sur la médecine traditionnelle dans les universités publiques, qui sera effectif en 2020. Ce module, explique le Pr Ouba Razak, spécialiste des traditions et mythes, va s’inspirer du modèle chinois, très avancé dans l’association entre les deux médecines. La médecine traditionnelle, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est la somme des connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales. Elle est parfois qualifiée de médecine « parallèle ou douce ». Utilisée depuis des milliers d'années, ses praticiens ont beaucoup apporté à la santé humaine, surtout en tant que prestataires de soins de santé primaires au niveau communautaire. En 2013, l’OMS a adopté une stratégie pour la médecine traditionnelle, qui ira de 2014 à 2020. Son but est d’épauler les États Membres qui cherchent à mettre à profit la contribution de la médecine traditionnelle à la santé, au bien-être et aux soins de santé centrés sur la personne; et favoriser un usage sûr et efficace des deux médecines au moyen d’une réglementation des produits, des pratiques et des praticiens.
Marie MGUE