L’honorable Cabral Libii pose la problématique à quelques heures de la commémoration de la Fête de l’Unité Nationale. De son point de vue, il est temps qu’advienne au Cameroun, un Chef de l’Etat qui « Va prendre la décision de déplacer la Fête Nationale au 1er janvier (date de proclamation de notre indépendance) ». Il soutient que si une telle décision est prise, « la parade militaire trouvera alors un véritable sens. Car, commémorer un référendum avec un attirail de guerre m'a toujours laissé songeur... ».
Crise de conscience
Pour le président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale, l’attitude quasi indifférente des dirigeants Camerounais trouve sa raison dans le fait que ces derniers « n’arrivent pas à trouver dans leurs consciences silencieusement coupables, la force de déplacer la Fête Nationale sur un événement qui obligerait la célébration permanente des héros de l'indépendance dont ils continuent de mépriser le sacrifice dans une sorte de désinvolture maladroitement feinte, mais néanmoins nourrie par le caractère immérité de l'héritage politique qu'ils comptent saborder perpétuellement...Nous sommes là pour que la Mémoire leur survive… ».
Un débat permanent qui se pose avec d’autant plus d’acuité que les corps des personnes qui ont lutté pour que le Cameroun accède à l’Indépendance le 1er janvier 1960 ont presque tous été enterrés très loin de leur terre natale ; et pour ceux dont les restes reposent au Cameroun, ils ont été jeté aux oubliettes.
En dehors des membres de leurs familles qui se souviennent de temps en temps, les Camerounais de la jeune génération ne savent rien, ou presque de l’histoire de ces héros qui ont bataillé dur, au pris du sacrifice suprême afin que le mot liberté soit associé à ce pays, considéré comme l’Afrique en miniature.
En organisant les activités du Cinquantenaire de l’Indépendance du Cameroun en 2010, nombreux sont ceux qui avaient espéré que ce sera le moment opportun pour la sphère gouvernante de réhabiliter la mémoire des « martyrs » ; de leur accorder la place qui est la leur mais aussi d’enseigner, de manière plus précise, l’histoire de leur vie aux jeunes générations.
Ces « manquements » sont-ils les causes du repli identitaire ?
D’aucuns avancent cet argument afin de justifier la crise dans les Régions du Nord et du Sud Ouest. Les débats de fond, sur la scène publique tournent eux aussi autour de cette problématique, car nombreux sont ceux qui estiment qu’au-delà de ces paroles, « Souvenons nous qu'avant l'indépendance, certains en avaient rêvé, ont combattu pour l'obtenir et y ont sacrifié leur vie. Notre peuple devra leur en être éternellement reconnaissant… », le Président de la République doit passer aux actes concrets.
Nicole Ricci Minyem