L’initiative est portée par le Ministère de la Santé publique (Minsanté) qui met en œuvre la stratégie nationale de la fistule obstétricale. Et selon les indications de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la réparation chirurgicale permet de guérir jusqu’à 90% des patientes.
D’après l’enquête à indicateurs multiples par grappes réalisée en 2014, au Cameroun, 2 000 nouveaux cas de fistules obstétricales sont détectés chaque année. Cette même source révèle que, la grande majorité des femmes affectées par cette maladie sont jeunes et issues des familles démunies pour prendre en charge leurs frais médicaux. C’est sans doute pour alléger les souffrances des patientes que le Minsanté indique, « Des engagements fermes ont été pris pour que d’ici fin de cette année, au moins 500 femmes souffrant de fistules obstétricales bénéficient de la chirurgie réparatrice dont le coût moyen de l’opération s’élève à environ 300 000 FCFA ».
L’on apprend qu’à Ngaoundéré, région de l’Adamaoua, depuis 2014, le centre de réparation de l’Hôpital Protestant de cette ville organise des campagnes d’opérations chirurgicales gratuites de fistules obstétricales. Des opérations qui rentrent dans le cadre d’un programme de coopération entre le Gouvernement camerounais et le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA). Le centre envisage de faire opérer 46 femmes souffrant de cette vilaine maladie au cours de cette année 2021. A ce jour, plus de 600 femmes en Afrique centrale ont été déjà prises en charge au centre de réparation de l’Hôpital Protestant de Ngaoundéré, signale-t-on.
Précisons que la fistule obstétricale est l’une des lésions les plus graves et les plus dangereuses susceptibles de survenir lors d’un accouchement. Il s’agit d’une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum, due à un arrêt prolongé du travail en l’absence de soins obstétricaux. La fistule obstétricale est répertoriée comme l’une des causes majeures de la mortalité maternelle et néonatale au Cameroun.
Innocent D H
Alors que le monde entier célébrait le 23 mai dernier, la Journée Internationale pour l’élimination de la fistule Obstétricale, le Cameroun prenant part à cette commémoration, a procédé au lancement officiel de son mois de lutte contre cette maladie. En prenant la parole au cours de la cérémonie de lancement, Mme Sinatha Koulla-Shiro Secrétaire général du Ministère de la Santé publique, a donné des chiffres qui continuent de donner froid au dos. « Chaque année à travers le monde, on dénombre 50 000 à 100 000 nouveaux cas de fistules obstétricales qui surviennent chez les jeunes femmes issues pour la plupart des milieux pauvres », a-t-elle déclaré.
La lutte contre cette maladie est à prendre très au sérieux au Cameroun. Car l’enquête à indicateurs multiples par grappe conduite en 2014 révèle que la prévalence de la fistule obstétricale est de 20 000 cas avec une incidence estimée à 2000 nouveaux cas chaque année. Cette enquête révèle également qu’environ 6000 femmes meurent par an au cours de leur grossesse ou en donnant la vie. Et pour chaque femme qui meurt, au moins 20 autres survivent, avec des complications, dont une des plus graves et humiliantes est la fistule obstétricale.
Les données recueillies à la Direction de la Santé familiale indiquent que 23 000 femmes souffrant de ce mal qui affecte 2000 nouvelles personnes par an. Siti Batoul Oussen la représentante du Fonds des Nations unies pour la population au Cameroun, lors de son exposé fait à la cérémonie de lancement du mois de lutte contre cette maladie, a indiqué que seulement 600 femmes ont pu être prises en charge durant les cinq dernières années. « Les moyens disponibles permettraient la prise en charge de seulement 500 cas en 2019 », a-t-elle ajouté.
Il faut savoir que la fistule Obstétricale « est une conséquence dramatique de l’accouchement difficile ou prolongé, matérialisée par la création d’un passage anormal entre le vagin et la vessie et/ou le rectum par lequel l’urine et/ou les matières fécales fuient constamment. Les femmes et filles atteintes de Fistule Obstétricale font face à une stigmatisation dévastatrice, qui favorise la honte, l’isolement, la marginalisation et même l’exclusion sociale ». Le 23 mai dernier, la journée commémorative de cette maladie a été célébrée sous le thème « la fistule est une violation des droits humains: en finir maintenant ! ».
Liliane N.