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Du point de vue de cet expert, le Moabi, espèce végétale de la famille des Sapotaceae et dont le nom scientifique est Baillonella toxisperma risque de disparaître si des décisions urgentes ne sont pas prises afin d’arrêter la saignée. En rappel, le Moabi est « multi-usages » et constitue la principale source de revenus des populations autochtones notamment celles qui vivent dans la Région Est du Cameroun.

 

  • Dr Samuel Nguiffo lors de l’exposé vous avez évoqué l’idée de faire intervenir les clauses incluses dans la Convention sur le Commerce International des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ce qui se fait aujourd’hui autour du Moabi est simplement le résultat d’un constat, celui de la surexploitation d’une essence qui a le malheur d’être une essence à forte valeur commerciale pour le marché international et à très forte valeur culturelle, économique, médicinale, locale.

C’est une essence sur laquelle est construite l’économie des communautés autochtones de la zone forestière au Cameroun et sa disparition sera un véritable drame.

C’est inacceptable et il faudrait peut être qu’aujourd’hui on se penche là dessus de toute urgence  au moment où se tient à Marseille, toutes ces discussions, des réunions, des sommets de l’Union International pour la Conservation de la Nature la nécessité de protéger la forêt est évoquée.

Au moment où on prépare avant la fin de cette année la Convention des Parties sur la Biodiversité sur le Changement Climatique.

Au moment où on met en avant le rôle des Communautés Autochtones dans la protection de la forêt, nous croyons qu’il est important dans notre pays, dans notre sous région de reconnaître ce rôle en leur donnant la possibilité de continuer à protéger cette essence et à jouir de ses bienfaits.

Donc nous attirons l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité de protéger cette essence, nous attirons leur attention sur le fait que si rien n’est fait, on risque de voir son aire de répartition se rétrécir encore plus et finalement l’essence disparaître.

  • Ce sont ces raisons qui vous incitent à faire appel aux organismes internationaux de protection des espèces et essences rares ?

C’est désormais une nécessité d’inscrire l’essence de Moabi dans la Convention sur le Commerce International des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction “Cites”.

  • Pouvez-vous nous en dire plus par rapport à cette Convention ?

La “Cites” est une convention qui a été signée à Washington et dont le but est de réglementer le commerce international des espèces protégées; On essaye par le commerce de réglementer ou de protéger les essences pour les espèces animales.

Concrètement, il est question de déterminer la quantité exacte de cette espèce animale qu’on a encore ou quelle est la quantité de cette essence végétale qu’on a encore et sur cette base là, on essaye de déterminer quel est le quota que l’on pourrait exploiter, sans menacer l’espèce ou l’essence.

Le quota que l’on pourrait exploiter en laissant une chance de régénération à l’espèce ou à l’essence; Ce quota change chaque année et le commerce international ne portera que là dessus et pas au-delà.

  • Pourquoi ne pas tout simplement replanter le Moabi pour rester sur cette espèce précise ?  

Mais tout simplement parce que la nature est complexe et c’est là également que l’Homme trouve l’une de ses limites. On ne peut pas reconstituer la nature malgré toutes les connaissances scientifiques que nous avons, malgré toute la technique que nous développons.

On peut planter le Moabi mais on n’arrive pas à assurer la régénération artificielle de cette essence là; On n’a pas encore réussi jusqu'à aujourd'hui à planter le moabi et à avoir les fruits de cet arbre. On parle d’une essence qui peut avoir une durée de vie de six cent ans et là, on devrait véritablement réussir à nous incliner devant ce que la nature sait faire et que nous ne pouvons pas faire.     



Minyem Nicole Ricci

 

Published in Agro-Industrie






Sunday, 05 June 2022 11:01