Selon une source policière à Bamenda, les ravisseurs ont débarqué chez Emmanuel Ngafeeson peu avant minuit, dix minutes à peine après que ce dernier ait regagné sa résidence de Ntabessi à Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-ouest. L'ancien ministre n'a opposé aucune résistance et a juste obtenu que les autres membres de la famille présents ne soient pas inquiétés.
Il a aussitôt été conduit vers une destination inconnue et à bord de son propre véhicule, a précisé la même source. La nouvelle de son enlèvement ne s'est répandue que mercredi matin, suscitant un flot d'interrogations sur la facilité avec laquelle ce rapt a été réalisé.
Mais pour les sources sécuritaires, aucun doute, cet autre enlèvement est l'œuvre des combattants séparatistes qui opèrent dans les régions anglophones. Si les enlèvements sont devenus fréquents autant au Sud-ouest qu'au Nord-ouest, c'est néanmoins la première fois qu'une personnalité de ce rang fait les frais de ce contexte sécuritaire trouble.
Son enlèvement intervient 24 heures après celui de l’entraîneur de Yong Sport Academy de Bamenda, Emmanuel Ndoumbe Bosso, kidnappé mardi matin et libéré dans la soirée. Et quelques heures après celui des joueurs de l’équipe de football de l’université de Buea dans le Sud-ouest.
Membre titulaire du Comité central du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, Emmanuel Ngafeeson entre au gouvernement en décembre 2004 au poste de secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Justice et garde des Sceaux. Il est alors spécialement chargé de l'administration pénitentiaire, ou il a été pendant 7 ans secrétaire d’État auprès du ministre de la Justice chargé de l'administration pénitentiaire.
Depuis qu'il en a été sorti du gouvernement en 2011, il cultive un art de la discrétion qui l'a complètement fait sortir des radars. Il vient brutalement et à son corps défendant, de retrouver une bien pénible exposition.
Danielle Ngono Efondo