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Dans le cadre de leur campagne, les ambazoniens ont fait de l’éducation un champ de bataille et du point de vue de Ilaria Allegrozzi - chercheuse senior à Human Rights Watch sur l’Afrique de l’Ouest et le Cameroun, ces individus sont convaincus que “ Le gouvernement central tente de marginaliser et d’assimiler leur système éducatif anglophone…”; 

C’est l’une des principales raisons pour laquelle “ils ont pris les écoles pour cible. Ils tuent, kidnappent, agressent et menacent des élèves, des enseignants et d’autres professionnels de l’éducation qui ne se plient pas aux exigences du boycott scolaire qu’ils ont imposé”. 

Dans son récent rapport, Human Rights Watch relève que “Dans les régions anglophones, des écoles ont été contraintes de fermer, des milliers d’enseignants ont abandonné leur travail ou se sont enfuis, et des centaines d’élèves ont été enlevés. 

Ces attaques ont traumatisé les enseignants et les élèves, intimidé les parents pour qu’ils déscolarisent leurs enfants et privé environ 700 000 élèves d’une éducation”.

La chercheuse senior à Human Rights Watch sur l’Afrique de l’Ouest et le Cameroun relate des échanges qu’elle aurait eu avec quelques enseignants, qui lui ont entre autres fait savoir que: “ Leur culture, leur langue et leur identité ont été assimilées dans le système francophone…C’est un problème récurrent qui remonte à l’indépendance”. 

Les personnes interviewées, dans leur quasi majorité semblent s’accorder sur le fait que “tous les habitants, y compris les enseignants, devraient avoir le droit d’exprimer leurs griefs de manière pacifique, et que la réponse brutale du gouvernement était injustifiée”. 

Ce qu’elles n’approuvent pas en revanche ce sont les attaques des terroristes contre le corps enseignant et les élèves: “C’est déplorable de voir les amba boys agir de la sorte. J’ai honte. Je ne comprends pas comment on peut s’attaquer à des enfants pour atteindre des objectifs politiques”. 

Avec la fuite des familles des zones rurales vers la relative sécurité urbaine à Buea, l’effectif au sein des établissements scolaires dans la capitale - chef lieu de la Région du Sud Ouest doublent. 

Au regard de ce qui précède, le rapport de Hrw renseigne que: “L’enseignement devient de plus en plus difficile, marqué par la pénurie d’enseignants, de bureaux et de matériel pédagogique. Il est arrivé que six élèves soient obligés de partager le même petit banc”. 

Des enfants traumatisés 

En se basant sur les témoignages recueillis, le document informe que: “Certains élèves sont tellement traumatisés qu’ils fondent en larmes dès qu’un enseignant élève la voix. Beaucoup ne savent pas où sont leurs parents, ni même s’ils sont encore en vie, alors qu’ils ont eux-mêmes survécu aux attaques des soldats ou des combattants séparatistes contre leurs villages…

Au nombre de ces derniers, se comptent en dizaines de milliers, 

“ Les enfants qui ont fui dans la brousse, où ils se sont réfugiés pendant des semaines, voire des mois. L’on craint que la plupart de ces enfants ne mettent beaucoup de temps à se reconstruire, surtout ceux dont les parents ont été tués sous leurs yeux… 

Ces scènes horribles sont gravées dans leur esprit. Il faut écouter leurs douleurs et être compréhensif, même si leur comportement est parfois problématique”. 

Si les établissements scolaires sont sécurisés grâce à la présence des Forces de Défense et de Sécurité, le chemin de l’école en revanche, est loin d’être sûr: “Les ambazoniens rôdent aux abords de la ville et la plupart des élèves ne portent plus leur uniforme scolaire sur le chemin de l’école. 

Beaucoup d’entre eux laissent même leurs livres et leurs cahiers derrière eux, ou les cachent dans des sacs à provisions de peur d’être repérés et arrêtés – ou même enlevés – par des terroristes, comme c’est arrivé à de nombreux enfants scolarisés depuis le début de la crise”.

Une expérience vécue et racontée par une enseignante  

“Ils ont débarqué de nulle part. C’était un jeudi, trois jours après qu’on ait demandé à quelques enseignants de venir à l’école pour rattraper quelques heures de cours. 

Ils sont arrivés en moto; Ils étaient trois, mal vêtus et armés de fusils et de machettes. Ils sont entrés de force chez moi et m’ont avertie de ne plus jamais enseigner le lundi. 

Puis, sans doute pour illustrer leur avertissement, ils ont tiré sur mes chats devant mes enfants. Mes enfants criaient, c’était effrayant. Je n’ai jamais réussi à me débarrasser du souvenir des voix des intrus et j'ai demandé à l’école de ne plus jamais faire appel à moi un lundi”. 

Nicole Ricci Minyem

Published in Société






Sunday, 05 June 2022 11:01