Selon l’Agence d’information économique Bloomberg, le gouvernement nigérian souhaite renégocier les accords de rémunération du pétrole pompé dans le pays. De ce fait, il réclame 62 Milliards de dollars d'arriérés aux compagnies pétrolières étrangères. Celles-ci ont contre attaqué en faisant appel à la haute cour fédérale.
62 milliards de dollars c'est le montant, exigé par le gouvernement Nigérian des compagnies pétrolières opérant sur son territoire. Il y a quelques jours, le ministre nigérian de la Justice, Abubakar Malami, a confirmé, ce montant: « Nous demandons 62 milliards de dollars aux compagnies pétrolières », a-t-il déclaré à l'AFP, sans s'étendre davantage. En effet, le gouvernement met en avant une loi de 1993, qui stipule que le revenu de l’Etat augmente quand le prix du pétrole dépasse les 20 dollars le baril. C’est-à-dire que quand la production offshore a débuté il y a 26 ans au Nigeria, le brut se vendait à 9,5 dollars le baril. Il est aujourd’hui autour de 60 dollars pour le Brent. Légitimement, Abuja souhaiterait obtenir sa part du gâteau.
Une réclamation qui ne fait pas l’unanimité. Ainsi, des compagnies pétrolières étrangères ont saisi la Haute Cour fédérale pour contester cette injonction. Car si elles veulent revoir les conditions de rémunération des royalties, elles refusent de payer des arriérés. Il s'agit d'Equinor (Norvège), Esso (filiale de l'américain Exxon Mobil), CNOOC (China National Offshore Oil Corporation, Chine) et Shell Nigeria (anglo-néérlandais).
« Ces demandes ne sont pas fondées », a affirmé à l'AFP le représentant d'un major pétrolièr impliquée dans le dossier. « Nous n'avons aucune idée de comment le gouvernement a pu calculer un tel montant, il ne nous l'a pas communiqué. De plus, nous n'étions pas parties dans l'affaire qui a abouti à l'arrêt de la Cour suprême, dans le différend opposant les Etats du Delta et le gouvernement. Donc nous ne sommes pas liés à sa décision », a ajouté la même source sous couvert d'anonymat.
Notons que, lorsque la loi régissant les contrats de partage de production est entrée en vigueur il y a 26 ans, les grandes compagnies pétrolières étrangères ont accepté de reverser environ 20% des profits issus de l'exploitation en offshore profond.
Au Nigeria, la plus grande partie du brut est extraite par 5 majors - Shell, le français Total, les américains Chevron et Exxon Mobil, l'italien Eni - qui opèrent en partenariat avec la compagnie pétrolière nationale (NNPC) ou d'autres acteurs pétroliers.
Ce n'est donc pas la première fois que l’État nigérian s'en prend à des entreprises étrangères du secteur privé. L'opérateur des télécoms sud-africain MTN en a fait les frais l'an dernier, lorsqu'il s'est vu réclamer la restitution de 8 milliards de dollars, sortis illégalement du pays selon Abuja.
Danielle Ngono Efondo