Lors de la campagne de délivrance gratuite de la carte nationale d’identité décidée par le chef de l’Etat en début d’année 2013 en vue de permettre aux citoyens camerounais en âge de voter de s’inscrire sur la liste électorale, de nombreux camerounais de 18 ans et plus se sont massivement dirigés vers les postes d’identification afin de se faire établir une carte nationale d’identité. Si l’acte du chef de l’Etat a été unanimement salué, il faut dire que les irrégularités et les pratiques de corruption qui ont entachés son application est sujet à caution et mérite qu’on s’y penche.
En effet, profitant de l’occasion, certains citoyens véreux ont eu l’ingéniosité de se faire établir une nouvelle CNI, en brandissant un certificat de déclaration de perte pour obtenir une seconde CNI, ce, avec la complicité de certains agents d’identification. Et l’on peut s’imaginer les effets pervers induits par cette double détention de la CNI par un citoyen… Pis encore, les étrangers résidents sur le territoire camerounais ont réussi par un coup de baguette magique à se faire établir la CNI. Contre espèces sonnantes et trébuchantes et bénéficiant de la complicité de certains agents de poste d’identification, ces derniers ont acquis de facto la nationalité camerounaise.
C’est ainsi que grâce à un réseau bien huilé, la nationalité camerounaise a été sacrifiée à l’hôtel de l’argent par des individus sans scrupule. Aujourd’hui, il n’est plus rare de rencontrer dans la rue des citoyens, bombant le torse, se targuent être propriétaire d’une double CNI. Plus encore, ces ressortissants des pays étrangers qui ont « acheté » la nationalité camerounaise grâce à des réseaux mafieux, narguent les Camerounais, parce que disent-ils être aussi des Camerounais de part la détention de la CNI camerounaise.
Quelques années après, cette opération de délivrance des CNI à l’emporte pièce fait jaser. Dans la région du Nord et plus précisément à Garoua, 25.000 cartes sont en souffrance dans l’ensemble des postes d’identification de la région. Le délégué régional de la sûreté nationale, argue comme handicap, le facteur de distance qui séparerait le lieu de résidence de certains citoyens des postes de retrait de la CNI. Car, afin de faire bénéficier à un maximum de camerounais, cette campagne de gratuité d’identification, « nous avons déployé sur le terrain une équipe mobile dans les zones reculées de la région » explique-t-il.
Alors qu’une source proche de cette délégation et bien informée des pratiques peu orthodoxes auxquelles se sont livrées certains agents véreux des postes d’identification de la région, tentent plutôt de poser un regard différent de celui du patron de la police dans la région. Pour elle, « certaines personnes qui ont pu tromper la vigilance des agents d’identification et d’autres ayant profité de la complicité des ces agents pour se faire établir une double CNI, ne jugent pas encore opportun d’aller retirer leur carte ».
Félix Swaboka