Au cours des dernières semaines, l’on n’a pas manqué de décrier les dérives sexuelles auxquelles s’adonnent les adolescents dans certaines métropoles Camerounaises, excluant pratiquement la consommation des boissons fortes.
Le phénomène semble désormais banal. Voir des jeunes hommes et femmes, installés dans des lieux de débauche et boire des dizaines de bouteilles de bière, quelquefois accompagnés de quelques liqueurs et autres, avec en sus de la drogue, ne semble plus émouvoir personne.
En écoutant quelquefois leurs échanges ou alors en lisant les commentaires qui accompagnent les images qu’ils postent sur les réseaux sociaux, l’on se rend compte que pour s’offrir toutes ces boissons alcoolisées, ils sont prêts à mettre beaucoup d’argent de côté et ce, pendant de longues périodes.
Luc Ewolo, élève : « Je ne pense que nous fassions quoi que ce soit de mal. Il s’agit de notre argent de poche, donné par nos parents et que nous cotisons afin de nous faire plaisir une fois par mois, parfois, c’est deux fois que notre groupe se retrouve » ;
Louise Ndongmo – en quête d’un emploi : « Je ne comprends pas que les gens s’émeuvent pour si peu. Chaque génération a sa manière de s’épanouir. Les emplois se font rares et, sincèrement, si tu n’es pas pistonné, tu ne sauras même pas de quel côté chercher. C’est ce que je fais depuis trois ans maintenant ; Donc si mes amis m’invitent à prendre un pot pour déstresser, je ne vois pas pourquoi je refuserais. Cela ne fait nullement de moi une dévergondée… ».
Imperméable à tous conseils
Point besoin de leur poser la question de savoir pour quelles raisons ils ne parviennent pas à mettre tout cet argent de côté, pendant quelques mois, afin de créer un projet, une star-up ou une activité génératrice de revenus.
Les réponses sont au bout des lèvres
Louise Ndongmo – en quête d’un emploi : « Vous agissez comme si vous n’êtes pas Camerounaise. Qui parmi vos amis à vous est capable de vous donner ne serait-ce qu’un dix mille pour que vous commenciez même le commerce ? Encore plus qu’il faut être né pour en faire. Quelqu’un est capable de vous donner à boire et à manger mais, dès l’instant où vous aborder la question d’un accompagnement financier, il n’ya plus personne… ».
Dan Versoni Olama – en quête d’un emploi : « Se retrouver avec des amis autour d’une bière permet d’éviter les soucis qui nous accablent ; Mais dites moi, que peut-on faire avec un cent mille pour des personnes qui sont en chômage ? Avec la mentalité qui est la nôtre, même si nous décidons de cotiser, certains parmi nous vont disparaître avec les fonds que nous aurons pu collecter. Rien de sérieux ne peut se dire autour d’un verre de bière, sans oublier que certains se droguent. Nos rencontres c’est juste pour nous amuser et rien d’autre ».
Des Lois pour la forme
Au-delà de l’agressivité, des fugues, de l’abandon des cours, du banditisme, des grossesses précoces, du VIH, des maladies infectieuses…, il faut croire que l’anarchie est quasi institutionnalisée.
Les débits de boisson et autres sont ouverts à des lieux indus, qui accordent des facilités aux jeunes. Ces derniers, lorsqu’ils veulent s’offrir des boissons alcoolisées ne rencontrent pas la moindre difficulté.
Que dire des heures d’ouverture de ces lieux ? Ou encore des patrouilles de police et gendarmerie, soupçonnées de prendre des pots de vin pour fermer les yeux sur tout ce qui se passe.
Vivement une prise de conscience collective et des choix conséquents pour cette jeunesse qui s’adonne de plus en plus à la débauche, à la drogue, et autres actes de perdition. Elle qui est pourtant considérée comme le Fer de Lance de cette Nation.
Nicole Ricci Minyem