En raison de la pêche illégale, non réglementée et non déclarée, dite pêche INN, «de 2010 à 2016, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée et la Sierra Leone ont perdu environ 2,3 milliards de dollars (plus de 2,1 milliard d'euros) par an en chiffre d'affaires», avait estimé Greenpeace en 2017.
Les entreprises de pêche industrielle doivent non seulement cesser toute activité du 1er au 30 avril, mais le gouvernement a décrété « une interdiction de toute exportation de poisson par terre, mer ou air sur cette période », a déclaré à l'AFP la ministre de la Pêche, Emma Kowa Jalloh. Pendant ce mois, ces entreprises « devront stocker en chambre froide des poissons de différentes espèces afin d’éviter la pénurie et les hausses de prix sur le marché », a ajouté Mme Jalloh Cette mesure vise à «protéger notre stock de poissons de l'épuisement», avait expliqué le ministère.
En Sierra Leone, le président du Consortium national des pêcheurs, Alpha Sheku Kamara, se réjouit de cette mesure. Mais pour les défenseurs de l’environnement, cela ne suffit pas.
« C’est bien, mais ce n’est pas suffisant, Ce n’est pas durable ce qui se passe actuellement. On sait qu’à terme, c’est des problèmes de sécurité alimentaire, c’est des problèmes de pauvreté, c’est beaucoup de problèmes qui vont être posés dans la sous-région. Il y a un effort à faire pour qu’au moins les problèmes communs soient gérés de manière commune. » Explique Ibrahima Cissé, le responsable de la campagne océans de Greenpeace Afrique.
Reste à savoir si la Sierra Leone pourra faire respecter cette interdiction. La pêche illégale représenterait environ 30% des prises des chalutiers étrangers. « Cela ne veut pas dire qu’il y aura zéro pêche illicite. Mais c’est déjà une mesure très forte qui va quand même marquer et montrer que quand même quelque chose est en train d’être fait. » Souligne Ibrahima Cissé.
Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, quelque 37 espèces sont déjà en voie d’extinction de l’Angola à la Mauritanie. Quatorze autres espèces pourraient bientôt l’être en Sierra Leone.
Danielle Ngono Efondo