Le journaliste revient sur cette actualité qui depuis quelques heures, fait couler beaucoup d’encre et de salive et affirme en substance : « Maladie imaginaire sur mon compte, dont je n'ai effectivement Jamais souffert… ».
« Bien malgré moi et l'ayant fort gratuitement cherché, je me suis retrouvé ce jour plongé en pleine tempête médiatique, après avoir - de fort mauvais jugement - publié un texte samedi dernier sur une plateforme de discussion WhatsApp, sur un prétendu cheminement personnel dans les arcanes du Covid-19.
Texte qui a finalement connu un succès inespéré et largement surfait, mais au devant duquel je suis tenu de venir, à cet instant de sombre nuit, apporter quelques clarifications essentielles, quant à sa nature, à sa portée et aux malentendus abyssaux qu'il a finalement et très malheureusement créés.
D'abord dire que beaucoup ont été trompés quant à son positionnement réel : en effet, il ne s'agissait guère que d'une Construction romanesque tout à fait fantaisiste (bien qu'inspirée d'une partie de faits réels), construite sur mon goût et mes dispositions naturels à l'écriture, et portant à faire croire sur le coup que je m'étais effectivement tiré d'affaire sur le Corona.
Maladie imaginaire sur mon compte, dont je n'ai effectivement Jamais souffert, certes. Mais maladie mise en lumière et adossée sur mon propre corps, dans ce récit dramatique, pour relever de substantiels déficits de monitoring et de prise en charge des cas suspects (réel), une communication sociale et institutionnelle déficitaire (réel), le système général de débrouille de la population dans le bricolage des soins (réel) et le caractère sans doute plus largement diffusé de la maladie au sein de la population (intuitif).
Ma faute est de n'avoir pas explicitement signalé ce caractère indistinct de ma démarche et donc d'avoir bien malgré moi trompé mes lecteurs. D'un projet qui consistait à générer de l'optimisme et de l'empathie sur une maladie perçue comme essentiellement mortelle, en mettant pour cela à contribution mon génie créatif, s'est substituée l'évidence d'avoir embarqué bien de crédulités dans mon voyage, au rang desquelles le directeur général de ABK, qui m'avait demandé autorisation à reprendre sur ses antennes et ses pages un texte qu'il trouvait intéressant.
A lui comme à ses auditeurs, je m'aplatis d'excuses et regrette de grande voix le discrédit que je jette de ce fait sur leur antenne pourtant si respectable et ordinairement si professionnelle.
Il demeure cependant que mon inconduite procède d'une grave erreur de jugement, et même d'une faute de goût. Le tout construit sur quatre principales erreurs d'appréciation :
1- la première est d'avoir très largement sous-estimé l'impact et la viralité du système général de l'internet, où tout se diffuse et se démultiplie à vitesse d'éclair
2- la deuxième est de n'avoir pas assez considéré la force de la marque que représente désormais ABK dans le paysage médiatique, devenu un prescripteur à part, dont les informations font foi et sont immédiatement reprises par d'autres
3- la troisième est de m'être trompé sur le caractère manifestement scandaleux d'une confession de quelque nature sur le Covid-19, maladie honnie, s'il en est, qui suscite une grande intolérance partout où elle est exposée
4- la quatrième est de n'avoir pas pris au sérieux le caractère de terreur actuellement généré par le Covid-19 qui est, à de nombreux titres, appréhendé comme une maladie de la mort subite.
Sur tous ces points, je me suis trompé et regrette amèrement m'être lancé dans ce jeu sombre et finalement ridicule, totalement dénué de la moindre utilité et qui ne me rapporte que déshonneur, honte et déconsidération de la part des professionnels de l'information, généralement impitoyables envers ce type d'errements. Il est certain que l'on ne m'y reprendra plus jamais.
Quant aux théologiens de toutes sortes de théorie du complot (qui n'ont pas tardé à me flanquer quelques manigances politiques), je n'ai rien d'autre à dire qui fasse absolution de mon âme. Le vin est tiré : il ne me reste plus qu'à le boire. Je regrette vraiment beaucoup qu'Alex Siewe, patron courageux et talentueux d’ABK soit dès lors retrouvé embarqué dans des combats dont il ne sait rien, à son grand dépourvu.
Je renouvelle mes excuses aux nombreuses personnes qui peuvent se sentir trahies par mon inconduite et réitère que mon intention était très loin, mais alors très loin du résultat finalement obtenu ».
Coronavirus : Témoignage d’un homme qui a vaincu la maladie
N.R.M
Il s’agit de Serge Alain Godong - Journaliste et Docteur en Economie qui s’est confié sur les antennes de nos confrères d’Abk radio.
« Patrick Mvondo n’est pas le seul. Je pensais depuis quelques jours faire cette sorte de Coming Out, mais ai juste traîné un peu, happé par nos habituelles irrésolutions.
Du coup, il m’a devancé, le pauvre, dans la mise en partage de son récit terrifiant. Moi donc, aujourd’hui à sa suite, pour dire que, oui, moi aussi j’ai souffert de Covid-19, et m’en suis (en apparence, du moins), sorti.
Presque dix jours de maladie qui m’ont infligé le florilège désormais connu de tous : forte fièvre, maux de tête, mal de poitrine, difficultés progressives à respirer, courbatures infernales et une sorte de mal de gorge qui ressemble à une fausse angine.
Aussi, perte d’appétit, langue pâteuse mais peu de toux, presque pas d’écoulement nasal, rien d’autre. On va tous les soirs se jeter dans son lit, l’esprit embrumé par la question essentielle de savoir : serais-je debout ici demain matin ?
Serais-je debout ici demain matin ?
Où je l’ai pris ? Difficile de tracer, dans le flot de visages et de corps indéfinissables que nous croisons au quotidien, derrière ces sourires gris, ces humeurs soupçonneuses, ces regards que le bonheur fuit. Je me suis présenté de moi-même au centre de prise en charge de Yaoundé pour un test, où m’a été opposé un refus total des autorités: « on ne fait pas des tests comme ça ici, allez attendre chez vous ; si ça se complique, vous nous rappelez ». Incroyable ! On a le temps de mourir quatre fois. Le sommet de la cacophonie, de l’irresponsabilité, voire de l’incompétence. Mais, passons !
Devant l’aggravation progressive de ma situation et face à la montée de panique dans mon entourage immédiat, seule issue : se débrouiller par soi-même. D'abord faire le fort et le brave, dédramatiser, être optimiste, dissimuler la vérité. Puis, repartir au combat. Entrée en scène des décoctions relevant pour quelques-unes du plus drôle jeu de prestidigitation. La mienne, bricolée à partir d’une vidéo prise au hasard sur WhatsApp (et en laquelle, sur le moment, je n’avais pas d’autre choix que de croire) : ail+citron+gingembre, dans un mélange chaud, de douce couleur jaunâtre, on dirait une crème de dépigmentation à la mode, mais mille fois détestable au goût.
Posologie solitaire, prises de risques expérimentales : une grosse tasse le matin, grosse tasse à midi, grosse tasse au coucher. Tout à fait imbuvable comme breuvage, mais pas le choix : c’est un remède, et les remèdes n’ont généralement pas le temps de l’esthétique.
Dès le lendemain du démarrage, les premiers effets : coupure de la fièvre, allègement progressif des courbatures, réduction des céphalées, et une capacité retrouvée à faire de la lecture et même, à explorer quelques sites pornographiques. Je m’y suis contraint Puis, tout est parti.
Je dis bien, Tout, avec un retour à plein régime de ma capacité à faire querelle avec ma femme. J’ai repassé un test avant-hier : négatif. Mon corps m’avait déjà largement restitué le ressenti de cette évidence et, au hasard de quelques rencontres, plaisir a été retrouvé de me soumettre à l’une des rares activités auxquelles les Camerounais s’adonnent avec exaltation : l’alcoolisme de proximité.
On peut donc guérir de cela, évidemment. Beaucoup y passent aussi, comme nous l’entendons tous les jours, dans l’horrible récital de ces statistiques mortuaires.
Les leçons (personnelles) à en tirer sont nombreuses, pour soi-même et son entourage.
1- d’abord, les gestes barrières, ça marche. On peut être contaminé, sans contaminer les autres
2- la quarantaine, ça marche aussi. Une fois isolé, on se réduit au champ de la contamination
3- la forme physique et l’optimisme, ça marche aussi. En général, je bénéficie d’une excellente santé, qui s’est bien illustrée, encore une fois, à me protéger sur le coup. De plus, garder la tête hors de tout péril, ça compte.
4- ne pas se mentir : se diagnostiquer tôt et commencer à se soigner tôt, affronter les doutes et les questionnements identitaires, même les pires
C’est vrai que chez moi, aucune nuance n’existait sur le fait que j’étais Covid. Mais ce qui m’a moi-même impressionné (il arrive souvent que je sois impressionné par moi-même), c’est le combat très frontal, très décidé que j’ai pris sur moi de mener à la maladie, quelle qu’aurait pu être sa force et son intensité. À aucun moment, je n’ai ni paniqué, ni envisagé de ne pas m’en sortir.
Sans exagérer outre mesure, mon esprit avait même décidé d’appréhender cela comme un banal paludisme. C’est une partie de l’explication : le mental, la force de caractère, une sorte d’invincible confiance en soi.
J’ai entendu ici un message lunaire et plutôt ampoulé d’un haut personnage public sur les effets de Dieu et le bénéfice de la foi, dans le cheminement vers la guérison. C’est tout à fait possible, sait-on jamais. A chacun sa piété et sa chance, sur la voie du salut. Mon redressement, je ne sais pas très bien à qui je le dois, mais ma décoction simple, y a été de grand. Sans doute Dieu s’y est-il habilement dissimulé, je le remercie d’avoir un tel talent aux sarcasmes gustatifs.
Pour le reste, faites de votre mieux pour en réchapper. Ce n’est pas joli du tout, c’est le minimum à dire. J’espère que vous aurez autant de chance que moi. En tout cas, je vous la souhaite de tout cœur et projette, à partir de mon seul cas et des observations concrètes que j’en ai tiré, qu’il y a actuellement au pays, sans doute au moins 30 000 cas perdus dans la nature.
L’une des graves erreurs de communication sociale faites par le gouvernement sur le Covid a été de laisser glisser la maladie vers une énorme zone de stigmatisation, exactement comme ce fût le cas avec le SIDA jadis. C’est une grave erreur, qui est traduite tous les jours notamment par cette course aux statistiques mortuaires. Le DG de l’hôpital général de Douala en a été victime. Je ne sais pas comment on peut reprendre le contrôle sur cette affaire, mais je suis vraiment peiné de voir ce qui se passe ».
N.R.M