L’initiative d’épuration des dépenses du personnel du secteur public au Cameroun s’est déroulée au début de cette année avec la suspension de paiement de plusieurs fonctionnaires jugés fictifs. Malgré ce gros effort, la situation reste un véritable casse-tête qu’il faut résoudre dans les prochaines années.
A analyser de près le train de vie de l’Etat, l’on constate que dès 2016 l’ensemble des dépenses du personnel représentait déjà 41,3% des recettes fiscales. En confrontant cet indicateur de soutenabilité de la masse salariale à celle de la norme communautaire (35,0%), il est largement au-dessus de celle-ci. Un tel décalage, se trouve son origine dans une croissance de la masse salariale qui est évidemment au-dessus de la croissance des recettes fiscales, au cours de la première décennie. Entre les années 2016 et 2017, l’estimation des chiffres officiels ont fait état de ce que dans la fonction publique camerounaise, la masse salariale a connu une augmentation annuelle de l’ordre de 7, 8% en ce qui concerne les recettes fiscales.
Depuis 2016 marqué par un pic, l’indicateur de soutenabilité de la masse salariale du personnel du secteur public ne cesse de s’améliorer. En 2017 et 2018, il a été respectivement de 39,7 et 35,6%. Il faut remarquer que l’objectif du Gouvernement est de pouvoir stabiliser l’accroissement de la masse salariale de ses agents jusqu’en 2021. Cependant, il est aussi évident que des recrutements supplémentaires sont d’une nécessité indéniable. Selon des études menées en 2017 sur la soutenabilité de la masse salariale au Cameroun, il ressort une difficulté liée à l’équilibre entre les effectifs des personnels recrutés dans la fonction publique ou plus encore par profil des recrutements. C’est le cas par exemple avec les effectifs des enseignants qui se sont multipliés, pendant que ceux des secteurs de la santé et de la production (production rurale, minière etc.) ont connu une baisse.
Dans un tel contexte, le recrutement de nouveaux personnels, devra se soumettre à des arbitrages, et doit être soumis à la capacité de l’Etat à mobiliser des ressources fiscales additionnelles. L’augmentation des charges salariales en lien direct avec l’évolution des carrières, doit aussi être pris en compte.
Innocent D H