Ce pourcentage a été rendu public par Youssouf Ouedraogo le spécialiste des systèmes de santé au Fonds des Nations unies pour la population. Et ledit pourcentage est dû à de nombreuses pesanteurs qui font obstruction à la planification familiale.
Des femmes rencontrées majoritairement dans les régions septentrionales parlent du refus de leur partenaire à procéder à la Planification familiale (PF). Dans l’édition du 23 octobre 2018 du quotidien Mutations, une dame âgée de 32 ans, cultivatrice ayant requis l’anonymat, fait part de son expérience. «Lorsque je suis allée pour la première consultation prénatale en janvier, au début de la grossesse de ce bébé que je porte, le médecin a d’abord demandé qu’on me chasse de l’hôpital. C’est lorsque j’accouchais de l’avant-dernier enfant il y a environ deux ans, j’ai eu des complications et le médecin m’a conseillé de me mettre sous contraceptif. Ce que mon mari avait rejeté», raconte-t-elle.
Outre l’opposition de la gente masculine, les ménages ne font pas recours à la PF, du fait des croyances socio-culturelles, de l’ignorance et du faible pouvoir d’achat de la femme. D’aucuns considèrent que les méthodes contraceptives sont des causes des maladies telles que les cancers. Pour d’autres les contraceptions font prendre du poids aux femmes. Pourtant d’après le corps médical, outre le bienfait que la PF ferait aux ménages du point de vue de la santé, il contribuerait aussi à mieux tenir dans les finances. «Mon époux étant absent du village et parce que j’ai régulièrement des bébés, je n’arrive pas à faire des champs capables de combler nos besoins alimentaires», déclare une fois de plus la dame prénommée Julia du quotidien Mutations.
Il convient de rappeler que le Programme National Multisectoriel de Lutte contre la Mortalité Maternelle et Infanto-Juvénile – PLMI, définit le planning familial ou la planification familiale (PF) comme étant «l’ensemble des méthodes qui permet aux individus et aux couples de réguler le nombre de naissances et d’avoir le nombre d’enfants désiré». Le PF permet aux populations «d’atteindre le nombre souhaité d’enfants et de déterminer quel sera l’espacement des naissances, soit en utilisant des méthodes contraceptives, soit en traitant l’infécondité».
En 2017 André Mama Fouda le Ministre de la Santé (MINSANTE) avait fait un constat selon lequel très peu de femmes au Cameroun en âge de procréer font recours aux méthodes contraceptives. Il avait par ailleurs noté qu’étant donné que les jeunes sont aujourd’hui actifs de façon précoce, cela donne libre cours à des grossesses indésirées. «Une maîtrise du nombre de grossesses voulu selon le projet de la famille, l’épanouissement et le bien-être assurent le développement des géniteurs de même que des enfants», avait déclaré le MINSANTE face à la presse.
Aussi convient-il de rappeler que le Cameroun a pris dix engagements depuis 2014 qui visent à accroître le taux le taux de prévalence contraceptive et réduire d’ici 2020, les besoins non satisfaisants de 17% à 10%. Et depuis 2014 le pays adhère à l’initiative PF 2020 du Fonds de Nations unies pour la population (UNFPA). Et le pays a décidé de recruter 900 000 nouvelles utlisatrices de contraceptifs afin d’amener la prévalence contraceptive de 21% à 30%. Rendu à nos jours on dénombre environ 498 000 femmes qui ont déjà adhéré à la PF. C’est donc dans l’optique de revoir les stratégies que les acteurs de la PF à savoir les responsables de la direction de la Santé familiale et des administrations sectorielles se sont retrouvés à Edéa le 16 au 19 octobre 2018, sous l’initiative de la direction de la Santé familiale et de l’UNFPA.
Liliane N.