Mohammad Ali Najafi, condamné à mort après le meurtre de sa femme, pourrait éventuellement échapper à la peine capitale après une démarche entreprise dans ce sens par sa belle-famille, selon un post publié il y’a quelques heures par le frère de la défunte.
C’est sur Instagram que Masood Ostad a indiqué que la famille avait décidé d'accorder son pardon à Mohammad Ali Najafi. L’homme âgé de 67 ans, a été condamné à mort le 30 juillet dernier, pour avoir tué par balles, sa seconde épouse, Mitra Ostad, de plus de trente ans sa cadette, à Téhéran le 28 mai.
En Iran, les familles peuvent demander la peine de mort comme « rétribution » pour un meurtre commis contre un des leurs, en vertu du « qesas » (la «loi du talion»), ce qu'avaient fait les proches de Mitra Ostad.
Parfum de scandale
L'agence officielle Irna a précisé que l'avocat de la famille, Mahmoud Hajiloui, avait confirmé cette décision.
Dans sa publication sur le réseau social, le frère de Mitra Ostad cite un verset du Coran : « Dieu aime ceux qui font le bien. Mon père, ma mère et Mahyar (le fils de Mitra Ostad) pardonnons à Mohammad Ali Najafi » après une médiation qui a impliqué d'autres personnes, a-t-il écrit.
« Nous sommes heureux d'avoir conclu un accord sans (avoir à verser) le sang de cette honorable personne », a-t-il ajouté, précisant espérer que M. Najafi « s'engage à se laver (de ses péchés) ».
L'ancien maire de Téhéran est toujours incarcéré puisqu'il a aussi été condamné à deux ans de prison pour possession illégale d'arme à feu. Il n'était pas clair dans l'immédiat si sa condamnation à mort serait commuée en peine de prison.
Conseiller du Président Hassan Rohani
Le statut de Mohammad Ali Najafi et le parfum de scandale entourant son deuxième mariage, sans qu'il ait divorcé de sa première épouse, comme le permet la loi, alors que la polygamie est mal perçue dans la société iranienne, ont contribué à susciter un gros intérêt en Iran pour cette affaire.
Brillant mathématicien et professeur d'université, Mohammad Ali Najafi, a été conseiller économique du président Hassan Rohani et ministre de l'Education. Il a été élu maire de Téhéran en août 2017, mais a démissionné en avril 2018 après avoir été critiqué par les conservateurs pour avoir assisté à un spectacle de danse d'écolières.
Certains ultraconservateurs ont jugé que ce procès démontrait la «faillite morale» des réformateurs, ces derniers accusant pour leur part la télévision publique dominée par les conservateurs d'avoir couvert l'affaire de façon biaisée à des fins politiques.
Nicole Ricci Minyem