C’est d’ailleurs cette ONG qui donne l’information de ce retrait de financement au singapourien Halcyon Agri Corporation, exploitant l’hévéa au Cameroun, à travers sa filiale Sud Cameroun Hévéa (Sudcam). Cela se serait fait en raison des risques financiers liés à la déforestation tropicale.
Montant en créneau en réaction à cette nouvelle, Victorine Che, chef de projet sur le bassin du Congo au sein de Greenpeace Afrique, a déclaré : « C’est un appel clair à d’autres investisseurs de se retirer d’Halcyon Agri. En agissant de la sorte, il sera plus difficile pour la société de continuer à s’accaparer des terres, à violer les droits humains des populations locales et à détruire, par exemple, des forêts situées à sept kilomètres à l’est de la ville natale du président camerounais Paul Biya. »
Le 24 juillet 2018 à Yaoundé, Greenpeace Africa exhortait déjà Halcyon Agri à stopper la destruction des moyens de subsistance des communautés et la biodiversité au Cameroun. Dans son rapport intitulé Halcyon Agri: Le caoutchouc qui dévaste les forêts, l’ONG mettait à nu les conséquences des activités de Sudcam sur l’écosystème et sur les communautés locales et autochtones. Selon ce dernier, le défrichage de 10 000 hectares de forêt dense par l’entreprise entre 2011 et 2018 a causé entre autres « le déplacement des communautés Baka sans compensation adéquate ni plan de réinstallation. » plus encore lit-on dans le même rapport, il n’existait aucune zone tampon clairement définie pour permettre aux communautés voisines de subvenir à leurs besoins.
Pour enfoncer le clou, Greenpeace Africa demandait à Halcyon Agri et au gouvernement camerounais « en plus de l’interdiction permanente à déforester et l’indemnisation adéquate des communautés, une transparence totale sur le projet. » sans omettre l’exigence de rendre public « les documents indiquant l’ensemble de l’actionnariat de Sudcam, les études d’impact environnemental et social, les évaluations HCV (Haute Valeur de Conservation), les cartes de concession et d’autres documents clés. »
Dans la même veine, Greenpeace Africa invite les fabricants des pneus à revoir leur collaboration avec le géant du caoutchouc : « nous demandons aux clients de Halcyon Agri, tels que Michelin, Goodyear, Continental et Bridgestone, à réexaminer sérieusement leur contribution à la déforestation au Cameroun – et à rompre tout lien avec la compagnie. »