Pour la deuxième fois en l’espace de deux mois, des documents au caractère confidentiel avéré de la présidence de la République se retrouvent publiés sur la toile. De l’avis de certaines sources, ces divulgations de documents sensibles participent d’une manœuvre de déstabilisation. Des auditions seraient en cours croit savoir camer.be.
Fin février, le plan de vol du président de la République, avec force précisions techniques, est divulgué dans les réseaux sociaux. Mal en prend à ceux qui, pour des desseins ne faisant plus de doute aujourd'hui, ont savamment orchestré la fuite. Paul Biya n’effectuera pas ce voyage en Suisse. Mais les ennemis de l’intérieur ne désarment pas. Dès samedi 6 avril au soir, c’est le message-fax signé deux jours plus tôt par le chef du protocole d’Etat du cabinet civil de la présidence de la République qui se retrouve sur la Toile.
Dans ce message dont l’urgence est signalée, Simon Pierre Bikélé demande, en vue d’un séjour du chef de l’Etat en Suisse, à l’ambassadeur du Cameroun d’obtenir auprès des autorités helvétiques des autorisations nécessaires pour certains éléments de la sécurité rapprochée de Paul Biya. Le message donne des détails sur le nombre d’éléments, les armes en leur possession, leurs dates et lieux de naissance, leurs numéros de passeports, leurs types et numéros d’armes et le nombre de munitions de chacun.
Bien que la manœuvre ait déjà été mise à nu et abondamment relayée par la presse, ses auteurs ne se découragent pas. Ils publient dans les réseaux sociaux des photos de certains membres de la garde rapprochée du chef de l’Etat, ainsi que celles de leur progéniture. Face à cette autre manœuvre de déstabilisation, le voyage présidentiel prévu dès le 07 avril est reporté sine die. « Jamais des informations aussi sensibles ne se sont retrouvées sur la place publique. En dévoilant l’identité de ceux qui tiennent en main la sécurité du président de la République, il est fort possible qu’on soit en train d’adresser subtilement un message à des gens se préparant ou nourrissant le projet d’attenter à sa vie », souffle une source sécuritaire.
Une autre source bien informée abonde dans le même sens, en soutenant qu’il ne s’agit pas d’une simple fuite de documents au caractère sensible avéré. En effet, le 28 mars 2018, le Premier ministre d’alors tirait la sonnette d’alarme. Dans une circulaire adressée notamment à tout le gouvernement et aux chefs de missions diplomatiques, Philemon Yang déplorait « la diffusion récurrente, notamment sur les ‘’réseaux sociaux’’ ou autres moyens de communication de masse, de documents présentant un caractère sensible et souvent revêtus de la mention "Confidentiel", "Secret" ou "Très secret". Il en est également de la diffusion des informations relatives aux opérations menées dans le domaine de la sécurité et de la défense ».
D'ailleurs, pour convaincre que les fuites sur les voyages présidentiels vont au-delà du constat de l’ex-chef du gouvernement, différentes sources sont formelles que certains responsables du palais de l’Unité ont été auditionnés et on aurait procédé à des interpellations. Les enquêtes visent essentiellement la direction de la Sécurité présidentielle (DSP), l’état-major particulier du président de la République et le protocole d’Etat. « Dans le cas du plan de vol, le protocole d’Etat et le ministère des Relations extérieures sont concernés au premier chef. S’agissant de la divulgation de la liste des membres de la sécurité rapprochée du chef de l’Etat, les suspects se recrutent au sein de la DSP, de l’état-major particulier et du protocole d’Etat », croit savoir une source visiblement bien au fait du dossier. Pour elle, « ce qui se passe depuis quelque temps dans l’entourage immédiat du chef de l’Etat montre bien que les gens s’inscrivent dans la logique d’une fin de règne, et ne cachent même plus leur volonté de précipiter son départ ».
Source : Camer.be