Depuis plusieurs années, note "Le Figaro", l'Est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est en proie à des conflits entre Ouaddaïens et Arabes. En novembre 2018, des affrontements meurtriers s'étaient déjà produits. Une dizaine de personnes avaient été tuées à une soixantaine de kilomètres d'Abéché, la capitale du Ouaddaï, province de l'est du Tchad. A chaque éruption de violences, le même scénario ou presque se répète. Un troupeau de dromadaires d'éleveurs nomades entre dans le champ d'un agriculteur local ou un jardin cultivé par une famille, provoquant une confrontation entre les deux communautés.
Selon les chercheurs, l'augmentation de la sécheresse dans la région et la pression démographique a eu pour effet d'intensifier les tensions liées à la transhumance. Et à ces changements structurels, sont venus se greffer des problèmes ethniques. Les troupeaux appartiennent en grande majorité aux Zaghawa, l'ethnie du président Déby Itno, selon les agriculteurs qui dénoncent l'impunité dont les éleveurs bénéficient lorsqu'un différend éclate.
Face donc à ces conflits intercommunautaires qui deviennent de plus en plus récurrents dont les plus récents dans le Ouaddaï géographique ont occasionné une trentaine de morts, le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby, a menacé de rétablir la cour martiale, supprimée pourtant depuis 1993. « Nous devons impérativement mettre un terme à cette cruauté inhumaine », a prévenu le président qui a précisé que, « toutes les options étaient envisagées jusqu’à l’instauration de la Cour martiale ». Notons ici que, la cour martiale, supprimée en 1993, était compétente pour juger militaires et civils. Le Tchad a aboli fin 2016 la peine de mort à l'exception des affaires de «terrorisme».
Danielle Ngono Efondo