Hier mardi 14 mai, le Sénat de l'État de l'Alabama a adopté une loi qui interdit désormais l’avortement, sauf en cas d'urgence vitale pour la mère ou d'anomalie létale du fœtus. Notamment, de lourdes peines de prison allant de 10 à 99 ans de prisons seront appliquées pour les médecins pratiquant des interruptions volontaires de grossesse.
Contrairement à l'État de New York qui a adopté le 22 janvier dernier un projet de loi « visant à protéger le droit à l'avortement », le Sénat de l’Alabama a adopté hier mardi, une loi qui proscrit l’avortement.
Le texte, voté par le Sénat, ne prévoit pas d'exception en cas de viol ou d'inceste. Cependant, cette régression générale du droit de l’avortement ne fait pas l’unanimité aux États-Unis. « Ce jour est un jour noir pour les femmes en Alabama et dans ce pays », a déclaré au micro de RFI, le directeur du planning familial de l’État après l’adoption du texte.
« Vous venez de violer vous-même l'État de l'Alabama », a déclaré Bobby Singleton, membre démocrate du Sénat, après le rejet par les sénateurs d'un amendement demandant des exceptions à l'interdiction de l'avortement.
En effet, cette loi interdit l’avortement dès la conception de l’enfant. Même les femmes ou jeunes filles victimes de viol ou d’inceste n’auront pas le droit de mettre un terme à leur grossesse. « Vous dites à ma fille : tu ne comptes pas dans l'État de l'Alabama... Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte », a ajouté Bobby Singleton qui pense qu’il s’agit là de la loi la plus restrictive jamais adoptée aux États-Unis depuis la légalisation de l’avortement par la Cour suprême en 1973.
L'Association de défense des droits civiques (ACLU) a annoncé son intention d'aller en justice pour empêcher l'application de ce texte et c’est exactement ce que souhaitent les architectes du projet. Ils espèrent que le cas remontera jusqu’à la Cour suprême et que celle-ci renversera l’arrêt « Roe contre Wade » qui a légalisé l’avortement fédéral.
Notons que, La loi votée en Alabama s’inscrit dans le cadre d’un mouvement général aux États-Unis. Le Kentucky et le Mississippi ont ainsi interdit les avortements dès que les battements du cœur du fœtus sont détectables, soit environ à la sixième semaine de grossesse. Des mesures comparables sont en passe d'adoption en Géorgie, Ohio, Missouri et Tennessee. Cependant, un juge a bloqué la mise en œuvre de la loi du Kentucky, celle du Mississippi doit entrer en vigueur en juillet.
Danielle Ngono Efondo