Alors que le Cameroun, de concert avec la communauté internationale célèbre comme chaque 27 mars, la 56e journée mondiale du théâtre, on est au regret de constater que cet art a perdu toutes ses lettres de noblesse dans notre pays. Un état des lieux de ce qui est considéré comme le 6e art, laisse entrevoir des planches rongées par les termites du temps.
Elle est loin la belle époque où pour le plaisir des oreilles et surtout des yeux, les camerounais se rendaient dans des salles de spectacles pour suivre avec délectation des pièces théâtrales. De grands classiques de chez nous mis en musique par des metteurs en scène chevronnés. Un vrai régal. Au rang de ces pièces qui drainaient constamment les citoyens, même les plus élevés en grades, Trois prétendants... Un mari, de Guillaume Oyono Mbia.
L’art du théâtre camerounais luisait encore de par ses créations locales, les thématiques développées ainsi que des représentations scéniques intelligibles. L’on se souvient encore de ces années de gloire de cette littérature expressive, des années de gloire avec Oncle Otsama, Essindi Mindja, la troupe théâtrale du Théâtre National et bien d'autres, qui rehaussaient l’image du théâtre au Cameroun.
Le théâtre, cet art qui dépeint la réalité de la société, ce miroir du quotidien et du vécu est en perte de repère dans notre pays. Les amoureux du spectacle vivent impuissamment la descente aux enfers du 6e art. Mais alors, à qui la faute ?
Si la scène théâtrale se meurt à petit feu au Cameroun, c’est tout d’abord du fait de la nouvelle génération de comédien en manque de formation. Dès comédiens spontanés, aucunement doués, profitant de l'expansion de la télévision et de la demande constante de contenus divertissants. Ce nouveau marché de la télévision au lieu de promouvoir l'art a choisi de niveler vers le bas l'exercice de cet art.
A côté de ce premier frein au décollage du théâtre, s’ajoute le manque d’infrastructures. Jean jacques Onana (l'un des deux membres du Keguegue international) reconnaît qu'« il n’ya pas de plages d’expression dédiée au théâtre au Cameroun encore moins des festivals pour présenter les œuvres ». Intervenant sur les antennes de TRIUMPH FM (une radio urbaine émettant à Yaoundé), Jean Jacques Onana Awana propose qu'il soit mis sur pied un festival camerounais du théâtre, de même qu'un prix annuel qui célèbrera la plus belle œuvre théâtrale. De plus, il invite les pouvoirs publics à plus s'impliquer dans la promotion du théâtre camerounais. Selon lui si rien n'est fait, on n'aura plus de souvenir du théâtre dans notre pays. Tellement nous serons inondé par les Stand-up, les web-séries et les autres types de comédies.
Vivement que le rideau ne tombe pas définitivement sur cet art.
Stéphane Nzesseu