Du Covid - 19, finalement, il n’en a presque pas été question. Didier Raoult s’est présenté à 14h30 flanqué de deux de ses avocats, Brice Grazzini et Massimo Bianchi.
Une heure et demie durant, dans un amphithéâtre de l’IHU (L'institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses) de Marseille, l’infectiologue, vêtu de sa traditionnelle blouse blanche surmontant une chemise à carreaux, a répondu librement à la presse, installée dans les gradins pour l’occasion.
« Je ne comprends pas vraiment ce qui nous est arrivé », a-t-il introduit. Didier Raoult s’est d’abord dit autant « surpris par le succès », notamment de ses quelque 150 vidéos ayant généré près de 120 millions de vues, que par “la violence et le harcèlement”qui ont suivi.
L’actuel directeur de l’IHU s’est appliqué à démontrer qu’il n’avait rien perdu de sa pertinence scientifique, malgré les multiples accusations dont il a fait l’objet. Sa poursuite par l’ordre des médecins ? “On m’a reproché mon manque de courtoisie envers des confrères, et c’est bien possible”, a-t-il concédé dans un sourire, l’ordre l’ayant en effet blâmé pour ce motif, quoiqu’il eût été convoqué également pour “charlatanisme”. “Mais jamais on ne m’a reproché d’être un mauvais médecin ou d’avoir prescrit de l’hydroxychloroquine”, s’est-il défendu.
À propos de l’enquête de l’Agence nationale de sécurité du médicament (l’ANSM), pour des “ essais sauvages” de traitement contre la tuberculose,elle n’a abouti à rien, a-t-il assuré, si ce n’est une plainte de Didier Raoult contre Mediapart qui avait révélé l’affaire.
Une seconde a été déposée à destination de François Crémieux, le directeur général de l’AP-HM pour une publication dans le journal de l’institution et une troisième visant des personnes « internes à l’AP-HM » qui ont frauduleusement accédé à son dossier médical, celui de sa femme, et de certains des patients. Et c’est bien là que semblait, après tout, résider l’essentiel de son intervention.
Plaintes systématiques “dès lors qu’on porte à son honneur”
Dans cet exercice passif-agressif, ses conseils mettaient en garde. “Le temps est venu que la vérité soit établie juridiquement. J’ai reçu pour instruction de porter plainte systématiquement dès lors qu’on porte atteinte à son honneur”, a expliqué Massimo Bianchi.
Une première manche se jouera le 14 juin au tribunal correctionnel de Marseille contre Karine Lacombe, cheffe de service de l’AP-HP, qui expliquait “que des poursuites judiciaires avaient été engagées contre le professeur Raoult pour faux témoignage devant l’Assemblée nationale. C’est de la diffamation et ce sera plaidé”, a assuré Brice Grazzini.
De même, le professeur Sthal, du CHU de Grenoble, comparaîtra, affirme l’avocat, pour dénonciation calomnieuse en avril 2023. Parmi d’autres, une autre plainte encore, vise la microbiologiste néerlandaise Elisabeth Bik et Boris Barbour, patron de la plateforme Pubpeer qui permet de noter les études scientifiques. “Une plainte emblématique à partir de laquelle une harcélosphère s’est développée”, a estimé Brice Grazzini.
Didier Raoult, dont le départ de la tête de l’IHU est attendu pour le mois de septembre, s’est également exprimé sur son avenir. “Je souhaite être remplacé” à cette date, a-t-il commenté, mettant en garde son successeur contre le risque d’être “frappé d’hubris”, une notion de la Grèce antique qui qualifie la démesure et l’orgueil, notamment liée à de nouvelles responsabilités.
“Je préfère que ce choix [celui de son successeur], se fasse indépendamment de moi parce que je ne veux pas être responsable d’un éventuel futur échec”, a-t-il ajouté. Didier Raoult aimerait toutefois conserver un bureau à l’IHU afin d’achever ses travaux et la publication de deux livres.