Dans un entretien accordé à nos confrères de « Voa Africa », la Spécialiste en Santé Publique dans le Maryland tentait ainsi d’expliquer les raisons pour lesquelles les Africains sont sceptiques quant à l’existence de cette infection mais plus encore quant à l’utilité de se faire vacciner…
- Qu’elle analyse vous faites de cet immense retard dans la vaccination contre le corona virus en Afrique ?
Docteur Marie Mbaga : L’analyse est claire, elle découle de ce que nous décrions depuis l’année dernière, c'est-à-dire une infection asymétrique, mais surtout la perception des populations, de l’impact de la maladie, au niveau de l’Afrique ;
Je veux juste rappeler que l’Afrique n’a pas eu une démonstration forte autant que l’Europe ou l’Amérique, ce qui a donné la perception aux populations locales que soit, l’infection n’existait pas, soit qu’elle n’affectait pas les Africains.
Il faut aussi ajouter que nonobstant le manque des mesures barrières au niveau de ces populations, c'est-à-dire le port des masques et la distanciation sociale, les Africains ont vu qui a continué (normalement) sans incidence de la maladie ;
Ce qui fait que la maladie n’a pas été perçue comme un problème sur place, ce qui fait que la vaccination aujourd’hui ne pourra pas être perçue comme telle et c’est difficile de faire vacciner une population qui ne croit pas à l’existence d’une maladie.
C’est pour cette raison que l’analyse selon laquelle c’est l’accès au vaccin qui est un problème en Afrique me semble quand même facile ; Il s’agit aussi un problème de mentalité que nous décrions, nous les professionnels de la Santé Publique qui nous intéressons à l’Afrique.
Soient les Africains ne sont pas assez conscients de l’impact que la maladie peut avoir et de notre point de vue, c’est la conséquence logique de ce manque d’intérêt ou alors de penser que la maladie c’est chez les autres et pas en Afrique et, on le voit avec la vaccination.
- Et sur la question spécifique du « Covid Child » qui constitue la colonne vertébrale du dispositif Covax, quelles sont les implications de sa non prise en compte par le fameux certificat sanitaire européen ?
Je pense que les conséquences ne sont pas drastiques ni fatales ; L’Europe est entrain de faire une évaluation au niveau de l’Inde et telles que les choses sont parties, ils vont homologuer ce vaccin.
Je pense que ce qui est intéressant à dire ici c’est que le « Covid child » est issu de l’initiative Covax de l’Oms ; cet organisme qui est sensé être le coordonateur de la santé mondiale et ce vaccin est homologué à ce niveau depuis Février 2021 ;
On voit aujourd’hui, les européens qui veulent l’homologuer. Ca veut dire qu’il y’a un peu de désordre et qu’il existe une coordination de la santé mondiale à double vitesse.
Ca fait que les contributeurs comme l’Union européenne payent les fonctionnaires de l’Oms pour faire un travail et ils payent encore des fonctionnaires au niveau de l’Union européenne pour refaire le même travail.
Ce désordre nait dut fait que et je le décrie, la place de l’Oms en tant que organisation qui coordonne la Santé mondiale ne lui est pas donnée. Ce que les spécialistes à ce niveau font, est confronté à ce que font en parallèle, les pays comme la Chine, les Etats Unis et bien d’autres. Ils suivent leurs propres règles et ne sont pas tenus de respecter celles inscrites par l’Oms.
Cet organisme a donc l’obligation de tout mettre en œuvre afin de réparer ces couacs, qui font croire qu’il n’est là que pour les pays pauvres et d’ailleurs que ces derniers n’ont droit qu’à des sous produits.
- Selon l’Oms justement, les cas de Covid 19 ont augmenté pendant cinq semaines consécutives depuis le début de la troisième vague le 3 Mai 2021. Pensez – vous qu’on puisse vraiment vaincre l’hésitation au vaccin anti Covid et comment ?
Docteur Marie Mbaga : L’hésitation au vaccin peut toujours se vaincre et je dirais d’ailleurs que cette troisième vague, probablement démonstrative par rapport aux autres, pourra être cet élément qui montre aux Africains que l’infection à Covid 19 est réelle ; Et que c’est une infection qui n’atteint pas que les autres, qu’il faut la prévenir.
De deux, il y’a quelque chose qui est très important que les autorités Africaines doivent absolument faire, c'est-à-dire lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux.
Cette campagne de désinformation sur le vaccin et la maladie est une épidémie en elle-même et, des informations fausses sur le virus, la vaccination circulent de manière libre et incontrôlée en longueur de journée dans les pays d’Afrique.
Il faudrait que les autorités Africaines de communication trouvent le moyen de filtrer ces informations et sélectionner celles qui doivent être livrées au grand public.
Il faut en fait une politique d’information bien huilée, qui va permettre de lutter de manière énergétique contre les fake news. Ce sont en fait ces derniers qui affectent énormément la capacité des Africains à accepter la maladie et la vaccination.
N.R.M