Dans une interview accordée au journal français Médiapart, l'écrivain et philosophe camerounais s'inscrit au dessus des visions pessimistes sur l'évolution du coronavirus dans le continent africain. Il estime, "le virus peut soulager le continent d'une partie de ses gérontocrates".
Dans son développement argumentatif, Achille Mbembe ne cède pas à des prédictions qui tendent à faire croire qu'une hécatombe se pointe sur le continent africain du fait des conséquences du Covid-19 dans cette partie du globe. Evoquant la situation en Afrique, notamment celle centrale, l'intellectuel parle des "tyrans" qui sont à la tête des Etats depuis plusieurs décennies. Selon lui, dans ces pays, les systèmes de santé se trouvent dans un délabrement total. Cependant, l'enseignant à l'Université de Witwatersrand de Johannesburg en Afrique du Sud écarte le pire arguant que les vieillards peuvent néanmoins beaucoup craindre la maladie.
Il explique," à cause de prédilection supposée pour les vieillards, le virus peut, à la limite soulager le continent d'une partie de ses gérontocrates. Mais cela m'étonnerait qu'à lui tout seul, il mette fin à la tyrannie". A travers cette posture, Achille Mbembe pense que le coronavirus va permettre le règlement de la question de certains "tyrans" au pouvoir.
Le philosophe voit également la possibilité pour l'Afrique d'organiser valablement une riposte contre la propagation du Covid-19. Une telle réponse n'est plausible que lorsque "l'Afrique arrête de s'aveugler. Qu'elle apprenne à nouveau à se penser au-delà des mythes et des faux mouvements, qu'elle redevienne elle-même habitable, c'est-à-dire capable de marcher par elle-même, sans avoir besoin des prothèses", suggère-t-il.
Pour cela, il faudrait "qu'à l'anesthésie ambiante, à l'étiolement programmé, elle oppose ses immenses potentialités; qu'elle puisse au plan profond de ses rêves imaginaires et, au lieu de répéter chez-elle ce qui n'a pas marché ailleurs, qu'elle invente des chemins radicalements neufs, pour elle et pour le monde, cela est possible, à condition de réinvestir dans le monde d'après", croit fermement Achille Mbembe.
Rappelons-le, depuis le début de la pandémie de coronavirus, des voix ont prédit une hécatombe en Afrique. C'est le cas du secrétaire général de l'Onu qui annonçait des milliers de mort en Afrique.
Innocent D H