Ils sont rares, ceux qui peuvent se prévaloir d’atteindre cet âge et, Chief Mukete a pu franchir le cap. Il est né à Kumba le 15 novembre 1918. L’évènement a été célébré avec faste à la chambre haute du parlement, avec ses camarades.
Au-delà du fait qu’il fait partie de la première promotion des sénateurs, il arbore également d’autres attributs. C’est lui qui est le chef traditionnel suprême des Bafaw, dans le département de la Meme, au Sud-Ouest.
Et alors que le Cameroun était engagé dans le vent de l’indépendance et de la Réunification, certaines sources affirment qu’il a fortement contribué à la réunification entre le Cameroun anglophone et la partie anglophone, c’était en 1961. « Toutes ces tensions lui font-elles regretter de s’être prononcé contre l’intégration au Nigeria dans les années 1960 ? Certainement pas, tranche-t-il. Si c’était à refaire, il recommencerait », rapporte Jeune Afrique. Il est l’un des rares témoins de ce moment de l’histoire de notre pays, qu’on ne raconte malheureusement pas suffisamment aux jeunes générations. D’autant plus qu’il a été membre de la chambre fédérale des représentants et ministre du gouvernement fédéral nigérian.
Il y’a quelques mois, alors qu’une certaine pression est faite aux membres du gouvernement et assimilés qui cumulent les fonctions, Chief Mukete se plie à la loi et dépose sa démission en avril 2018. Il quitte ainsi son poste de président du conseil d’administration de Camtel.
Sa position par rapport à la crise anglophone
Même si on ne l’a pas beaucoup vu depuis le début de la crise sécuritaire en zone anglophone, il se dit dans les couloirs de la chambre haute du parlement camerounais et dans le cercle restreint de ses proches que le doyen d’âge regrette la manière avec laquelle le gouvernement gère cette crise sécuritaire. Pour lui, seul le fédéralisme peut apporter une solution définitive à ce problème.
Il énonce clairement son point de vue, lorsque l’occasion lui est donnée. Par exemple comme il l’a fait dans un article paru dans les colonnes de Jeune Afrique du 18 au 24 février 2018 : «si l’on s’était abstenu d’emprisonner des leaders modérés qui n’avaient en définitive que des revendications sociales. Si l’on s’était abstenu aussi de brider la parole des protagonistes des deux camps, celui des modérés comme celui des sécessionnistes ».
Suite à l’arrestation des leaders du mouvement sécessionniste, Chief Victor Mukete revient au-devant de la scène, à travers ces propos : « on aurait pu trouver des solutions avant que les choses ne dérapent », comme le rapporte Jeune Afrique. Même s’il est un sénateur sous les couleurs du rassemblement démocratique du peuple camerounais, Fon Victor Mukete marque pourtant sa distance avec la politique de ce parti qu’on n’a de cesse de dire proche du pouvoir, en marquant sa sympathie pour le mouvement de contestation « Il existe à peine 10 anglophones sur les 60 membres du gouvernement… Nul ne peut prétendre être à l’aise avec ça ».
Nicole Ricci Minyem