Depuis le décès du prêtre Nougi Alexander Sob, des observateurs continuent de cogiter sur la provenance de la balle qui a tué le 20 juillet dernier, le curé de la paroisse de Bomaka, un quartier de Buea, capitale de la région anglophone du Sud-ouest.
Mais, Monseigneur Immanuel Bushu semble avoir une réponse toute trouvée. Pour l‘évêque du Diocèse de Buea, ce n‘était pas une balle perdue. « Le père Sob était avec deux autres personnes dans sa voiture quand il a été abattu à bout portant avec un pistolet silencieux », a expliqué le prélat cité par des médias locaux.
Une thèse qu’il défend en s’appuyant sur de multiples preuves dont les photos du corps du prêtre. « Nous avons reçu des photographies du corps du prêtre défunt, Alexander Sob Nougi. Le corps était mutilé », a poursuivi l‘évêque en lisant un communiqué de l‘Église.
Un énième décès suspect d’un responsable catholique
C’est la énième mort « suspecte » d’un responsable catholique au Cameroun. La dernière en date est celle de
Mgr Jean Marie Benoît Bala, évêque du Diocèse de Bafia dont le corps sans vie avait été retrouvé dans les eaux du fleuve Sanaga en juin 2017.
Toutefois, le décès du père Sob ne saurait être dissocié du contexte. Un contexte camerounais marqué par ce qu’on appelle désormais crise anglophone. Une crise qui est née en novembre 2016, lorsque des Camerounais des zones occidentales d’expression anglophone ont commencé à revendiquer entre autres, la réduction de la fracture infrastructurelle et la représentativité équitable dans les institutions par rapport aux autres régions du pays.
Les dialogues initiés par Yaoundé, les arrestations de leaders de la sécession et les multiples actions militaires ne suffisent pas jusqu’ici à faire baisser la tension.
L‘Église catholique, promotrice du dialogue
Et pourtant…. « L‘Église catholique est le seul acteur à même de promouvoir le dialogue entre les insurgés et le gouvernement », estimait en avril le centre de recherche International Crisis Group (ICG).
Si le nombre de séparatistes morts dans ces affrontements n’est pas disponible jusqu’ici, au moins 84 agents de la Force publique et plus de 600 civils ont déjà péri du fait de cette crise anglophone, selon des ONG.
En outre, quelque 160 000 personnes ont dû fuir leur logement à la suite des violences, selon l’ONU, et 74 994 se sont réfugiées au Nigeria, d’après l’agence nigériane de gestion des urgences (SEMA).
Le gouvernement a lancé en fin juin dernier un plan d’assistance humanitaire d’urgence d’environ 12 milliards de francs CFA (un peu plus de 18 millions d’euros) pour venir en aide aux personnes déplacées. Mais un plan qui pourrait devenir un coup d‘épée dans l’eau si gouvernement et séparatistes ne rassemblent pas tous les ingrédients nécessaires à une paix durable dans la zone anglophone.