Après avoir eu vent du mandat d’arrêt émis contre lui, l’homme d’affaires, condamné à 20 ans de prison ferme au Bénin, entend trouver refuge en France, pays dans lequel il réside depuis peu.
La décision de justice intervient après la découverte en 2016 de 18 kilogrammes de drogue dans un conteneur appartenant à l’une des entreprises dirigées par Sébastien Ajavon et ses partenaires.
Relaxés quelques semaines plus tard pour défaut de preuves pouvant étayer les accusations portées contre eux et visant à démontrer leur culpabilité, Sébastien Ajavon et ses acoaccusés, ont malheureusement vu leur dossier revenir sur la table de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, qui les a condamnés à une peine d’emprisonnement ferme de 20 ans avec en sus, le payement de cinq millions d’amende.
Mais, les avocats de l’homme d’affaires qui porte par ailleurs la casquette d’homme politique ont décidé de contre attaquer. Ils ont entamé des démarches afin de se pourvoir en cassation, en amenant l’affaire devant la Cour Suprême du Bénin afin de démontrer que ces accusations ne sont que de simples allégations.
Maître Renaud Agbodjo et les autres avocats, réunis pour la défense de Sébastien Ajavon et Cie, parlent d’irrégularités ayant émaillé tout le processus qui a conduit à cette décision de justice. Ils évoquent par exemple le refus qui leur a été opposé lorsqu’ils ont demandé à entrer en possession du dossier pénal de leurs clients. La réponse a été la même lorsqu’ils ont voulu défendre les prévenus le jour du procès ; des restrictions qui leurs ont été imposées alors qu’aucune disposition de la loi en vigueur au Bénin ne l’autorise.
Par ailleurs, Sébastien Ajavon ne cesse de proclamer son innocence. Il dénonce une affaire politique, un « coup monté » destiné à le faire tomber. Face à nos confrères de Radio France International, il affirme que « les scellés du conteneur ont été brisés et remplacés à l’insu de la société Comon SA avant la prétendue découverte de cocaïne. La société Comon SA, pour laquelle j’étais le dirigeant, n’a eu aucune maitrise du conteneur. Je n’ai eu aucun accès aux paquets saisis ni aux analyses pratiquées. Nous avons les preuves, les huissiers sont allés, les numéros de scellés ne correspondaient pas du tout aux scellés qu’ils ont utilisés après pour refermer le conteneur … »
La demande d’asile introduite cette semaine n’a connu aucune suite jusqu’ici mais, cela ne va pas empêcher aux accusés de mener le combat jusqu’au bout. Les avocats estiment que le procès qui s’est déroulé au début de week end était sans objet parce que la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme n’a pas tenu compte de la décision prise auparavant par la justice.
La partie civile qui entend elle aussi mener cette affaire à terme, précise que le candidat qui occupait la troisième place à l’issue des élections présidentielles de 2016, n’est pas victime d’une cabale. Et Séverin Quenum, ministre de la justice, de préciser que tant que le ministère public n’aura pas clos le dossier, cette affaire restera pendante et, tout sera mis en œuvre pour que soit appliquée la loi qui condamne tout acte d’enrichissement illicite, de terrorisme ou encore de trafic de drogue.
Nicole Ricci Minyem