C’est ce que démontrent les analyses de la démographe KOPA Lucile au terme dune étude sur l’état matrimonial et la nuptialité. Des analyses qui sont issues des données fournies par le 3e Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2005.
Le mariage est l’alliance entre un homme et une femme unis par un même amour. Dans la religion catholique, le mariage est un sacrement. Il est l’expression de l’amour d’un homme pour une femme et ce à l’image de l’amour de Dieu pour l’humanité. C’est un engagement pris devant l’Etat mais aussi devant Dieu. La dignité de cet engagement s’articule sur les quatre piliers que scelle l’échange des consentements. Notamment, la liberté, la fidélité, l’indissolubilité et la fécondité. Mais comment comprendre qu’une religion qui tienne autant en estime le rituel du mariage regorge d’autant de fidèles qui optent pour le « vient on reste » ?
D’après les analyses de Madame KOPA Lucile, les catholiques représentent 57,9 % de personnes vivant en union libre au Cameroun. Soit bien plus que les protestants et les autres obédiences religieuses exerçant sur le territoire camerounais.
La première explication peut résider dans le principe du proportionnel. En effet, la religion catholique étant la plus représentative sur le territoire camerounais. La carte religieuse du Cameroun présente une dominance chrétienne soit 70 % environ dont près de 40 % (26 % de protestants, 0,5 % d’Orthodoxe et 4 % des autres obédiences chrétiennes). La lecture de ces données statistiques donne de comprendre pourquoi les catholiques peuvent occuper la tête du hit parade des personnes vivants en union libre.
Seulement, la question de la proportion n’explique pas pourquoi les chrétiens catholiques vivent maritalement et refusent ou n’arrivent pas à franchir les pas.
Il faut aller chercher dans les pratiques et les exigences qui entourent l’accès au sacrement de mariage dans les communautés catholiques. D’abord une lourde documentation pour constituer le dossier administratif. Il s’agit d’un extrait de l’acte de naissance des deux époux, daté de 2 ou 3 mois avant le mariage. Pensez donc à bien calculer le moment où vous allez en faire la demande. Les dates et lieux de baptême des deux époux. Si l’un des deux n’est pas baptisé, la paroisse demandera une dispense à l’évêque. Les coordonnées des témoins seront nécessaires, il faudra renseigner leur nom, prénom et lieu d’habitation. Le certificat de mariage civil remis par le maire lors de la cérémonie à la mairie est obligatoire. Un mariage à l’église ne pourrait être officialisé sans le mariage civil.
Des obligations administratives qui constituent des entraves pour les populations catholiques dont le plus grand nombre est en zone rurale.
Par ailleurs, il faut ajouter les coûts onéreux des prestations des prêtres. Des prix qui varient selon les prêtres et les paroisses. Une charge de plus que ne sont pas souvent prêts à supporter les candidats au mariage. Ils choisissent de se réfugier dans l’union libre, attendant patiemment le jour où ils auront un peu d’argent pour payer les aérés de deniers de culte et autres frais obligatoires auprès du prêtre.
Stéphane Nzesseu