L’ancien premier ministre, proche collaborateur des Présidents Ahmadou Ahidjo et Paul Biya s’en est allé il y’a quelques heures en Suisse, à l’âge de 77 ans.
Sadou Hayatou est l’une des plus anciennes figures de l’administration camerounaise. Il s’était complètement retiré de la vie publique, pour se réfugier à Genève, non loin de la clinique Genolier, où il était soigné après avoir quitté le gouvernement en Avril 1992.
Fils d’une puissante famille ayant à sa tête l’ancien lamido de Garoua Amadou Hayatou (1952-2000), Sadou hayatou avait su se faire un prénom. Après des études à l’université de Toulouse et à l’Institut des hautes études d’outre-mer à Paris, il réussira à gravir tous les échelons administratifs, de directeur adjoint du chargé des produits de base au ministère du Développement industriel, dès son retour au Cameroun en 1967, avant de se voir confier plusieurs portefeuilles ministériels pendant les années 1980.
Il a su garder la confiance du Chef de l’Etat actuel
Après la tentative de coup d’état perpétré contre le Président Paul Biya le 06 Avril 1984, ils sont nombreux, les natifs du Grand Nord, qui ont été soupçonnés d’être les commanditaires de ce putsch. L’histoire renseigne que la plupart a été expulsée de la haute administration, alors que d’autres étaient jetés en prison, pour besoin d’enquête.
Et pourtant, Sadou Hayatou est resté. Les journaux parus à cette époque indiquent qu’il a au contraire été renforcé dans ses fonctions. C’est ainsi qu’il sera nommé à des postes sensibles, dont celui du ministère des Finances, en 1987.
Il est ensuite devenu secrétaire général de la présidence de la République en 1990, avant d’être nommé Premier ministre en 1991. Signe de la pleine confiance que le nouveau Chef de l‘Etat lui accorde alors, il sera de nouveau désigné pour mener les négociations entre le pouvoir et l’opposition, lors de la vague de protestation marquée par les opérations « ville morte » des années 1990. La tripartite qui en a découlé donnera naissance à la Constitution de 1996, toujours en vigueur à ce jour.
Dans les réseaux sociaux, certains témoignent qu’Il est l’un des rares membres du gouvernement sur qui n’a jamais pesé le moindre soupçon de détournement de deniers publics, l’un de ceux qui n’a pas vu son nom traîner dans la gadoue, après avoir quitté le gouvernement. Malgré la maladie qui le rongeait, il a su apporter ses conseils à ceux qui le sollicitaient.
Nicole Ricci Minyem