Djamè Rosalie est décédée e 14 Décembre dernier. Elle est allée rejoindre ses dix enfants qui se sont éteints des années avant elle.
Pour la quasi majorité des camerounais, ce nom ne représente rien, il ne renvoie à personne d’important mais pourtant, lorsqu’on donne le nom de l’un de ses enfants, Charles Sylvestre Ateba Eyene, l’on se souvient de cette dame, toute frêle, que l’on a aperçu en 2014, lorsqu’elle pleurait la perte de celui que de nombreux jeunes ont considéré comme un héros. Le jour de ses obsèques, ils sont venus de partout, afin de célébrer celui qui avait réussi à toucher leur cœur et, qu’ils ont appelé : Président.
Ce n’est malheureusement pas ce seul enfant que maman Rosalie, comme l’appelait affectueusement ses proches a perdu. Des témoignages ou alors à partir des textes poignants comme celui que lui a dédié l’un de ses « enfants » Vincent Sosthène Fouda, qui a par ailleurs annoncé ce décès dans les réseaux sociaux, cette grande dame a enterré ses dix enfants.
Voici l’hommage qu’il lui a rendu
« Une voix vient de s’éteindre … C’était le vendredi 14 Décembre 2018, i était alors 14h et 20 minutes dans un quartier de Yaoundé. La dernière survivante de la famille Eyene. Son cœur a cessé de battre. Qui était – elle ? La maman d’une multitude. Dix enfants qu’elle a eu et qu’elle a enterré, année après année, Djamè Rosalie était la maman de Charles Sylvestre Ateba Eyene, que nous avons enterré il y’a quelques années et, proclamé comme « héros national ».
Rosalie est devenue pour moi et pour beaucoup qui avons cheminé avec un de ses enfants, filles comme garçons une maman.
Je me souviens, mais devrais- je ici évoquer à nouveau ce souvenir ? Le 9 février 2014, n’ayant pas répondu à mon message l’invitant à me rejoindre pour préparer les obsèques de la maman de monsieur Mathias Eric Owona Nguini, je m’étais rendu à Mfou à son domicile. C’est ainsi que je la conduisis à la clinique Fouda. Maman Rosalie m’avait alors dit dans cette langue qu’elle avait finie par épouser après cinquante et un (51) ans de mariage chez les Ewondo « Tu me le ramèneras comme tu l’amènes ». Oui la suite, vous la connaissez – le 24 février 2014, son dernier fils s’endormait pour l’éternité.
Maman Rosalie devenant pour moi, cette autre voix biblique : « Une voix s’est faite entendre à Rama, des pleurs et beaucoup de lamentations : « C’est Rachel qui pleure ses enfants ; elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus ».
Qui est donc Rachel ? Avais – je dit aussi en cette douloureuse circonstance ? C’est la mère de Charles Sylvestre Ateba Eyene, fragilisée plus gravement encore et, confiée alors depuis ce jour là, à notre devoir de mémoire et de charité. C’est au nom de ce devoir de mémoire et de charité que je signe ce témoignage – oraison.
J’interroge pour la même circonstance, notre amitié pour inviter les uns et les autres à lui donner une sépulture digne d’une maman qui a tout donné pour ses enfants que nous sommes finalement. Rama, ce sont ces nombreux enfants encore en bas âge, qui perdent en maman Rosalie, le dernier pilier de la famille Eyene. Rama, c’est vous, c’est moi orphelins de cette amitié dont chacun de nous peut témoigner aujourd’hui sans contrainte mais, avec une once de gloire éphémère.
Je me souviens de notre dernière rencontre en août 2018, c’était pour le premier anniversaire de la mort de maman Sabine. La mort est inéluctable ; que chacun affronte à son tour. La vie ressemble aux antiques migrations de nos peuples dont chacun s’établissait en chemin selon les aléas. Ce qui nous donne aujourd’hui a configuration sociale que nous avons. Maman Rosalie est arrivée à terme. Elle est restée en chemin comme chacun de nous le fera à son tour. Elle a déjà été qualifiée pour cela.
Ce témoignage, j’eusse désiré le prononcer un peu plus tard, si j’avais été consulté pour l’Auteur de la vie. Le Seigneur nous a donné Rosalie sans nous demander notre avis : dans notre conception de la vie, il devait atteindre un certain âge à ses yeux. Il vient de la rappeler. Ce rappel lui – même nous rappelle que le poids d’une vie ne vient pas nécessairement de la longévité. C’est souhaitable. Elle vient de la densité d’une vie, du contenu, du sens, de la circonstance qu’on lui donne.
Maman a vécu, elle a donné comme une lampe sans pétrole, elle vient de s’éteindre et reposera à Bikoka, auprès de ses dix enfants et de son époux. Au revoir brave femme, au revoir épouse de l’Océan, au revoir fille de la Kdey…
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