La voie publique, est interrompue de circulation ce lundi, 11 mars 2019. L'arrondissement de Belabo, situé dans le département du Lom et Djerem à l'Est, connaît d'énormes difficultés en fourniture d'électricité comme dans l'ensemble de la région. Ce jour, le chef-lieu de l'arrondissement est pris d'assaut par les populations grévistes, réclamant le retour effectif de l'énergie électrique dans la ville.
« Nous demandons tout simplement le retour effectif de l'énergie électrique dans notre arrondissement à quoi sa sert de voir les câbles traverser notre ville pour aller alimenter d'autres villes alors que nous voyons du noir ici ? », indique Tchaso Mpedal. Selon les grévistes, la ville de Belabo et tout l'arrondissement du Lom et Djérem sont dans le noir depuis plusieurs années. Une situation qui paralyse les opérateurs économiques. Toutes les activités sont affectées : centre de santé, poissonneries, ateliers de coutures, secrétariats bureautiques, entre autres.
« Je ne souhaite même pas estimer mes pertes dues aux délestages... En 2012, quand je suis venue m'installer ici, c'était encore mieux. Mais après les affaires de Lom Pangar, c'est la merde totale. Excusez-moi ! Je me suis reconverti dans l'agriculture, jusque-là, rien », déplore Franck Satsopouo, manifestant très courroucé.
La grève qui se tient aujourd'hui précède plusieurs tentatives de dialogues entre les différentes parties, d'un préavis de grève auprès de l'autorité compétant depuis plus de trois semaines. Le mutisme de ces autorités face à la demande a élevé le courroux des habitants et populations riveraines de l’arrondissement de Belabo à quelques jours mois avant les examens officiels. « Comment étudient nos enfants en cette période de l'année scolaire ? », s'interroge Stéphanie Mbol Antoinette, parent d'élèves. Une situation qui certainement a des répercussions sur les résultats peut reluisant de la région de l'Est au niveau national.
Les populations se sont mobilisées comme un seul homme pour réclamer une cause commune : « Nous ne voulons plus les descentes conjointes des responsables régionaux d'Eneo, ainsi que celle de Grégoire Mvongo pour épiloguer sur les raisons des délestages. Maintenant, nous réclamons notre propre générateur », vocifère un manifestant qui tient entre les mains le drapeau du Cameroun.
Pourtant, l'un des plus grands barrages du pays, celui de Lom Pangar, est construit dans cette localité. Selon nos sources, l'usine de pieds qui va desservir l'arrondissement et la région est en construction.
Ayant appris la nouvelle, des autorités de la région de l’Est sont immédiatement descendues sur les lieux. Le Colonel de la légion de gendarmerie de l'Est Joseph Enow Eyong, le commissaire divisionnaire de l'Est Asa'a Éric Ché, les responsables régionaux des forces de défenses et de maintien de l'ordre, les députés, et autorités municipales, le sous-préfet de l'arrondissement de Belabo et autres.
Cette grève intervient quelques mois, après celle de Doumé, Abong Mbang, Dimako et Bertoua chef-lieu de la région de l'Est, de juillet à octobre 2018 et dont la situation est aujourd'hui stabilisée. Ce qui porte certains à croire que le moyen efficace de faire pression sur Eneo et les pouvoirs publics est de procéder par les mouvements d’humeur.
Au moment où les attentions sont rivées vers les échéances électorales des municipales, des législatives et certainement des régionales au Cameroun, cette manifestation intervient comme une épine sous la chaussure des hommes politiques de la localité, à l'instar du sénateur Charles Salé, du maire de la commune de Belabo et toutes les autres élites et forces vives de l'arrondissement qui se doivent de faire pression auprès de l'entreprise en charge de l'énergie électrique au Cameroun. Elle qui vraisemblablement, se positionne comme un déstabilisateur de la politique gouvernementale du chef de l'État Paul Biya.
Les manifestants trouvent en cette entreprise un ennemi de la république. ''Si Eneo ne régularise définitivement cette situation, alors nous n'hésiteront pas à nous rallier au Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) car au moins là nous voterons pour manifester notre ras-le-bol et certainement le président de la république Paul Biya comprendra qu'il y a quelque chose qui ne marche pas normalement ici », déclare Gbabio César.
Seulement, il y en a qui paient innocemment le prix, ce sont les voyageurs, étant donné que les voies sont barrées.
Au moment où nous quittons les lieux vers 14 heures 30 minutes aucune des revendications n'a encore été résolue par les sectorielles.
Bossis Ebo'o, envoyé spécial à Belabo