Deux décennies d’élèves sont passées dans ces espaces construits en raphia avec des toitures en chaume dans un Chef-lieu de région qui compte des élites de tout genre sans que cette situation n’émeuve aucune parmi elles.
Certainement dans l’optique de dénoncer et d’attirer l’attention de tous ceux qui feignent d’ignorer la situation, une vidéo mise en ligne par un inconnu est devenue virale sur les réseaux sociaux.
Dans une sorte de visite guidée, les enfants lui ont fait voir les « salles de classe » dans lesquelles les élèves inscrits en deuxième année électricité, ceux qui font deuxième année maçonnerie et bien d’autres sont obligés de suivre les cours au quotidien.
« Des salles de classe » qui donnent l’impression de pouvoir disparaître au moindre coup de vent, tant les poteaux qui soutiennent ces hameaux semblent brinquebalants. D’ailleurs, en période de fortes intempéries, les apprenants et leurs enseignants sont obligés d’aller chercher abri en face.
Des « salles de classe » quelquefois prises d’assaut par les animaux domestiques, qui viennent s’y reposer lorsqu’ils sont en quête d’ombre et ne manquent pas de faire leurs besoins. Une situation qui oblige les élèves à faire un profond nettoyage chaque matin.
Une association de parents d’élèves existe pourtant au sein de cet établissement scolaire.
Des frais sont prélevés aux parents qui viennent y inscrire leurs enfants, sans que leur avis ne soit le moins du monde requis. Ils sont obligés de se soumettre, s’ils veulent que leur progéniture ne soit pas renvoyée à la maison ; Mais entre temps, ils ont été invité à très peu de réunions, si ce n’est à aucune, alors que la quasi majorité est très peu nantie et se trouve contrainte de consentir à d’énormes sacrifices.
A quoi servent les élites, notamment les maires et les députés ?
Selon les témoignages donnés par les enfants à celui qui a diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux, cela fait vingt ans que cette situation perdure.
Vingt ans au cours desquelles des députés et des maires, pour ne citer que ces exemples, ont été élus par ces parents dont les enfants sont obligés d’aller s’instruire dans des conditions aussi déplorables.
Ils se font appelés « Elus du Peuple » et, reçoivent selon la loi, l’argent des micros projets commis pour l’amélioration des vies de leurs concitoyens. Où va tout cet argent ? A quoi a t – il servi tout au long de ces décennies ?
La culture du bilan devient urgente au Cameroun car, on ne peut léguer à des générations futures, des discours creux qui ne sont jamais suivis d’aucun acte concret.
Nicole Ricci Minyem