Cette étude de la Communauté urbaine de Douala portant sur le Programme de mobilité urbaine soutenable (PMUS) démontre l'insuffisance qualitative et quantitative des services de transport public, couplée à la faiblesse de la réglementation et de la police de la circulation, la congestion du trafic et à l'incivisme de la population de la capitale économique du Cameroun.
Ces maux ont des conséquences négatives sur la santé et la sécurité des populations, selon la même étude. A en croire Prisca Lablonde Tene Mbimi, chef du service des Transports et de la Mobilité à la Communauté urbaine de Douala, «les études menées dans le cadre de l'élaboration du PMUS montrent que la part modale des mototaxis s’élève à près de 61%. A cet effet, il est important d'organiser les déplacements par ce mode».
Dans cette perspective, a-t-elle insisté, il «a été proposé de professionnaliser ce secteur à travers le développement d'un programme en partenariat avec les associations, qui consiste à s’appuyer sur les organisations existantes pour créer un climat de confiance, identifier les motos-taximen et améliorer la sécurité des usagers».
Pourtant, au regard du poids des mototaxis dans le transport urbain dans une ville de plus de trois millions d’habitants comme Douala, la stratégie du PMUS repose sur le transport de masse permettant la prise en compte du rôle économique stratégique de Douala et ses besoins en termes d’intermodalité, de multimodalité, de hiérarchisation du réseau de transport et bien évidement de l’articulation entre urbanisme et transport, note la CUD.
En attendant de voir la courbe s’inverser, la municipalité envisage l'amélioration de la qualité de service par des mesures annexes en initiant le développement d’une plateforme de réservation et de notation des conducteurs de mototaxis. Il en est de même de la limitation du nombre de points de chargement sur les routes bitumées afin de mettre un terme au désordre vécu actuellement à Douala.
En l’absence des chiffres fiables du fait notamment de la non-immatriculation des mototaxis dans les fichiers du ministère des Transports et de la Communauté urbaine, certaines sources situent le nombre de mototaxis à plus de 150.000 qui opèrent quotidiennement dans la métropole économique camerounaise.
Longtemps, le gouvernement a détourné les yeux devant le spectacle de ces naufragés de l’État-providence. Puis il a tenté de lutter contre la prolifération des motos-taxis. «À défaut de pouvoir offrir une autre solution, les autorités ont fait preuve d’une certaine tolérance avant de travailler à l’éradication d’une activité dangereuse, incontrôlable et non conforme à l’image d’une ville moderne», résume Maïdadi Sahabana, ingénieur à la Communauté urbaine de Douala.
Mal leur en a pris : les chauffeurs se sont organisés, bien décidés à défendre leurs intérêts. Ils ont refusé de se plier à l’obligation du port de casque et, aujourd’hui encore, préfets et forces de maintien de l’ordre préfèrent éviter leurs colères. Aucun n’a oublié que les émeutes de 2008 (40 morts selon le bilan officiel, près de 100 selon l’antenne locale de l’ONG Acat) sont parties d’un mouvement de grogne des motos-taxis contre la hausse du prix des carburants.
Résultat, le gouvernement se montre moins intransigeant. Mieux: il est désormais conscient du danger qu’il y a à laisser s’épanouir dans le maquis de l’informel une activité (et une catégorie sociale) regroupant des centaines de milliers de personnes à travers tout le pays.
Otric N.