Le professeur Paul Mbufong du département d’anglais de la Faculté des Arts de l’université de Bamenda a été tué jeudi par des combattants Ambazoniens à Bambui.
Le professeur Emmanuel Shu, vice-chancelier adjoint de l'Université de Bamenda, a relaté les circonstances choquantes entourant le décès du professeur Mbufong Paul, décédé jeudi à Bambili. Dans un communiqué de presse signé ce vendredi 26 octobre 2018 au nom du vice-chancelier, le professeur Shu écrit que le professeur Mbufong Paul a été tué par des assaillants non identifiés alors qu'il se rendait à l'école.
Il ajoute que «les assassins ont pourchassé le défunt conférencier en linguistique et directeur des affaires administratives, où il se cachait derrière la mairie de Tubah, avant de se livrer à cet acte macabre».
L'Université assure les conférenciers et les étudiants de leur sécurité et adresse un message de condoléances à la famille du professeur assassiné, en deuil. Cette sortie est en train de démystifier les affirmations selon lesquelles le Pr Mbufong Paul aurait reçu des balles perdues lors d’un affrontement entre l’armée camerounaise et une bande de combattant sécessionnistes. Toute la communauté universitaire est en deuil depuis l'incident.
Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont connu un regain de violence depuis la présidentielle du 7 octobre. Des actions de représailles sont engagées par les sécessionnistes contre les populations qui ont bravé l’interdiction d’aller voter. Le chauffeur de l’opposant Ni John Fru Ndi, président du Social Democratic Front (SDF) a été tué et sa sœur enlevée avant d’être libérée quelques jours plus tard.
Le 17 octobre dernier en effet, des hommes armés ont enlevé la sœur cadette du leader du SDF chez elle à Baba II (Nord-Ouest). Ils se sont ensuite dirigés au domicile de John Fru Ndi. N’ayant trouvé personne ils y ont mis du feu. Interrogé par RFI, Benjamin Achu Fru Ndi, le fils du Chairman du SDF raconte: « Ils se trouvaient dans le village depuis une semaine, à harceler la population pour de l’argent et à intimider les habitants. Donc nous sommes allés les rencontrer samedi dernier le 13 octobre. Par la suite, les sécessionnistes ont fait circuler une note disant que nous avions appelé l’armée pour qu’ils les éliminent. Ils ont utilisé ce prétexte pour enlever ma tante », raconte Benjamin Fru Ndi.
Lors du contentieux post-électoral, le SDF a sollicité l’annulation de l’élection présidentielle pour cause d’insécurité dans les régions anglophones. Les avocats, Sama Francis, Moustapha Ngwana et Cie ont affirmé que l’attaque entre les forces de sécurité et les combattants de l’indépendance, le faible nombre d’électeurs inscrits et les électeurs enregistrés dans les régions anglophones sont certaines des raisons pour lesquelles l’élection du 7 octobre devrait être annulée.
Après sa réélection, le président de la République est appelé à prendre des mesures pour un retour à la paix dans ces régions. Si les élections se sont globalement tenues dans le calme, une partie de la population n’a pas été en mesure de participer au vote. L’Union Européenne a rappelé dans une réaction sa préoccupation par rapport à la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays.
«Il demeure important que les autorités soient à l’écoute des propositions de la société civile et des autorités religieuses pour une résolution pacifique et durable de la crise, et qu’un processus de dialogue soit lancé au plus tôt avec tous les acteurs en faveur de la paix», a écrit l’institution.
Otric N.