Depuis que l’alerte a été donnée le 7 Novembre dernier, les journalistes aussi bien de la presse privée que public font du ramdam sur les réseaux sociaux, afin de comprendre ce qui a poussé l’autorité administrative de Bertoua d’exiger la garde à vue de la journaliste en service à Cameroon radio Télévision.
Le nœud de l’affaire : Un reportage réalisé dans l'arrondissement de Betaré Oya sur l'impact de l'exploitation forestière dans l'amélioration des conditions de vie des populations de la région de l’Est, cas de la localité de «tête d'éléphant ». Des sources diverses font savoir qu’elle aurait été entendue sur procès verbal par le commandant de compagnie de gendarmerie de Bertoua et qu’elle devrait en principe retrouver sa liberté ce Lundi.
Mais, que se passe t –il vraiment dans cette réserve foncière ?
Dans un reportage réalisé il y’a quelques mois par des confrères travaillant pour le compte de certaines chaînes de télévision privée, nombreux sont les populations qui ont travaillé de ce côté et ont tendu leur micro aux populations. Le constat est clair : Ils ne bénéficient point des retombées de cette forêt qui constitue leur cadre de vie depuis des décennies.
Sa Majesté Dieudonné Manissara – Chef du village Liguim – Arrondissement de Betaré Oya par exemple, ne cache pas la colère qui l’habite, alors qu’il vient de raccompagner dans sa dernière demeure, l’un de ses notables. Ce dernier est décédé dans des circonstances troubles alors que les populations avaient contribué, en puisant dans leur modeste économie pour bénéficier d’un Centre de Santé.
« Mon notable vient de mourir parce qu’il n y’a pas le moindre remède pour soulager la souffrance des populations et pourtant, nous avons la forêt communautaire qui est exploitée depuis des années par des gens qui ne construisent aucune infrastructure sociale. Si au moins, nous avions un Centre de Santé, mes populations ne pouvaient pas mourir ainsi… ».
Au-delà de cet aspect, les habitants de cette localité ne peuvent écouler les produits de leurs champs, à cause du mauvais état des « routes » :
Sa Majesté Dieudonné Manissara – Chef du village Liguim : « Nous cultivons beaucoup chez nous mais, nous ne pouvons malheureusement faire sortir les vivres de notre village pour aller les vendre ; notre zone est enclavée et même les vélos circulent difficilement ».
Faits corroborés par Sylvain Atangana – Notable de la chefferie Liguim : « Il est inadmissible que dans un Cameroun qui se veut émergent en 2035, il n’ y’ait ni routes, ni écoles à Liguim…Les populations ont dû contribuer à hauteur de quelques centaines de mille, en plus de ce que le Pndp a donné, pour faire construire un Centre de Santé Communautaire alors que ceux qui exploitent la réserve forestière se contente justement de l’exploiter, sans rien donner à personne…
La preuve c’est que le projet a été détourné et les fonds soutirés aux populations a permis à certains de créer une unité forestière d’aménagement, ce à quoi les « Liguimois » s’opposent fermement. Malheureusement, en face d’eux, on fait la sourde oreille et, malgré leur position, l’autorité administrative fait la sourde oreille ».
Si dans quelques autres villages, à l’instar de Bitom et Tête d’Elephant, il existe une légère différence, il n’en demeure pas moins que les Camerounais de ce côté ont un point commun : l’exploitation à outrance de leurs forêts communautaires, sans qu’ils n’en tirent aucun bénéfice. Peut – on trouver dans ces quelques éléments, les raisons pour lesquelles tous les Journalistes qui décident de faire des reportages et enquêtes de ce côté sont interpellés, gardés à vue, avec quelquefois, des injonctions auprès de leur hiérarchie pour qu’ils soient sanctionnés ?
Que cache t –on dans cette réserve foncière qui ne doit pas être mis à la face du Monde alors que les natifs des villages spoliés revendiquent des conditions de vie meilleure ?
Nicole Ricci Minyem