“ouuuu sorcier, vieux père sorcier, tu n’as pas honte?”. C’est ainsi qu’ un vieil homme a été hué aux premières heures de ce mercredi, à quelques mètres de l’entrée du marché de Mvog Ada dans la ville de Yaoundé, région du Centre au Cameroun. Rien ne lui aura été épargné. Insultes, coups de pieds et autres.
Que s’est – il passé ?
Il y’a quelques jours, cet homme qui répare les parapluies et autres bricoles a accusé un jeune enfant d’être l’auteur d’un vol dont il se dit victime. Il a affirmé que son matériel de travail a été détruit et la marchandise des clients emportés. Très en colère, il aurait proféré des menaces de mort à l’encontre de l’adolescent qui est décédé quarante huit heures plus tard.
Coup de sort ou conséquences de la menace du vieil homme, nul ne saurait le dire mais, c’est vers lui que se sont tournés les soupçons : “Nous savons que c’est lui, c’est un vieux sorcier. Chaque fois qu’il se passe quelque chose d’anormal dans son secteur, il n’est jamais loin mais, il n’avait jamais assassiné quelqu’un…”.
A la question de savoir si l’adolescent avait été conduit dans un hôpital ou alors, il avait été bénéficié d’une autopsie pratiquée par un médecin légiste, la réponse est surprenante : “ Donc il y’a les médecins légistes au Cameroun ? En tout cas, la famille n’est certainement pas au courant. Elle n’a même pas fait appel à la police ou à la gendarmerie. Ce sorcier a promis de liquider l’enfant qui n’est pas connu comme un voleur. Il se débrouillait à faire son pousse pousse ici au marché, maintenant, le voilà qui s’en va…”.
Considéré comme le meurtrier, des personnes se sont donc rendues devant sa boutique ce matin et l’ont patiemment attendu. Elles lui sont tombées dessus sans avertissement et l’homme qui a été sauvé grâce à un appel lancé aux forces de maintien de l’ordre a été conduit dans un centre hospitalier, en attendant la suite.
Victime ou non d’une justice populaire ?
Seules les enquêtes pourront le définir. Toujours est–il que la scène de ce jour repose la problématique de ce phénomène qu’on croyait bannit dans la cité capitale politique camerounaise.
Comment peut-on s’en prendre à un individu en utilisant comme seul prétexte, ses propos? Qu’est ce qui pourrait justifier cette “ soif du sang” qui semble de plus en plus habiter certains camerounais, qui n’hésitent pas à ôter la vie et à se vanter de l’avoir fait ?
Il est aussi évident que cet incident qui peut coûter la vie à la victime est le fait des propos tenus alors qu’il était en colère. Peut être que s’il avait pu se maîtriser, la mort de ce jeune homme ne lui aurait pas été attribuée.
Les enquêteurs se sont saisis du problème et, les résultats sont attendus. On craint néanmoins une descente des forces de maintien de l’ordre dans ce marché, pour emmener ceux qui ont participé à ce “ lynchage”.
Nicole Ricci Minyem