Alors que se prépare activement la 9ème édition du Festival International des Images Comiques (Festico), le cinéaste Ferdinand Engo, délégué général de cette fête du « Cinéma du Genre » s’est laissé aller à quelques confidences.
« J’entre dans le cinéma par effraction, Je refuse de faire comme les autres car, lorsque quelqu’un réussit dans un domaine, il dit qu’il était prédestiné à ça, non. Ce n’est pas mon cas. Je n’étais prédestiné à rien en fait. Je vivais ma vie calmement. J’avais moi aussi des parents qui rêvaient avoir des enfants médecins, militaires, avocats, professeur, bref toutes ces carrières qui, à une certaine époque donnait l’impression que l’on a socialement réussi dans sa vie.
Pour ce qui me concerne, après mes études secondaires, il s’est trouvé que je n’aime pas trop l’école. En fait, cela a toujours été le cas. J’ai donc pris la résolution de ne pas poursuivre mon cursus scolaire.
Je me suis mis à traîner partout et, c’est dans mes balades que j’ai pris langue avec l’un de mes voisins, Barry il se prénomme qui est un très grand électro-machino.
Il m’a pris sous son aile et quelquefois, il me donnait quelques pièces ; me demandait de charger les voitures pour amener le matériel sur le plateau où il travaillait, je l’accompagnais sur les sites et l’aidais, une fois sur place à tout décharger.
- Tout est donc parti de là ?
Oui, au fur et à mesure j’ai pris goût. A chaque fois qu’il me donnait l’opportunité de l’accompagner, j’observais attentivement tout ce qui se passait sur un plateau de cinéma. Aujourd’hui, le cinéma est devenu mon métier.
- Vous affirmez que vous n’avez jamais été dans une école pour apprendre ce métier, mais comment avez-vous acquis autant d’expérience ?
Lorsque j’ai pris conscience que j’étais attiré par le cinéma, l’occasion m’a été donné à cette époque de rencontrer un grand frère, Cyrille Masso, producteur-réalisateur. C’est lui qui m’avait parlé du métier d’Assistant Réalisateur parce qu’en fait, je voulais être acteur mais aussi réalisateur. J’ai simplement suivi son conseil.
- Vos proches vous présentent comme un homme décomplexé et passionné
Je crois que je suis ainsi, oui ; Parce que tout comme bon jeune, je voulais mener la belle vie, selon les canons définis dans l’imagerie populaire ; c'est-à-dire avoir une grosse et belle voiture, monter dans les avions, aller en Europe et tout.
Une chose que je ne vous ai pas dite c’est que la raison pour laquelle je voulais faire la réalisation à l’époque c’est parce que je voyais que seuls les réalisateurs montent dans les avions pour prendre part à des grands festivals.
- Êtes-vous resté dans le même état d’esprit ?
Non, avec le temps, je me suis rendu compte que tout ça c’est rien en fait. La valeur d’un Homme c’est vraiment sa matière grise, son cerveau.
- Racontez-nous la genèse du Festival International des Images Comiques (Festico)
Ayant vécu le Fespaco2013, j’ai vraiment découvert ce qu’on appelle festival de cinéma, qui n’a strictement rien à voir avec ce qu’on faisait ici. C’est à mon retour que j’ai pris la résolution de faire autre chose qu’un festival de cinéma simple.
J’ai ainsi décidé de créer un festival de Genre, parce que cela n’existe pas en Afrique. Je voulais mettre sur pied, une chose qui m’est particulière.
Je me suis donc dit que comme je suis quelqu’un de toujours gai, sauf bien sûr quand je travaille, à ce moment je suis très nerveux et sérieux, il fallait donc que je mette sur pied un festival de cinéma qui fait rire. D’où la naissance du Festival International de films d’Humour et de Comédie.
Toutefois, en lieu et place de films, nous avons mis images parce que dans le premier cas, les gens segmentent cela à la fiction. Et pourtant, nous voulons valoriser toutes les œuvres filmées comiques. La première édition a eu lieu en avril 2013. Une autre va se tenir du 08 au 12 juin 2021 à Yaoundé. Des innovations et des acteurs qui seront de la partie, je vous réserve une surprise.
- Quels sont vos projets à plus ou moins longs termes ?
Je vais simplement me consacrer à mon Festico, parce que c’est mon projet de vie. C’est vraiment ce que j’ai envie de laisser en héritage. Je me vois entrain d’aider plusieurs jeunes à réaliser leurs rêves ; la réalité c’est que nous avons reçu gratuitement, nous avons le devoir de transmettre de la même manière. Je suis contre tous ceux qui refusent de donner aux autres, alors qu’ils ont été tenu un jour par la main par quelqu’un d’autre, sans débourser le moindre franc.
Nicole Ricci Minyem