L’homme qui se présente comme Citoyen Africain-Camerounais, militant de la valorisation intelligente des patrimoines d'Afrique a pris comme prétexte à son analyse, les invitations envoyées par deux hommes d’affaires Camerounais le week-end dernier, à l’occasion de la célébration des noces de leurs enfants.
Une cérémonie au cours de laquelle l’on a vu prester des artistes de renom international avec trop peu de musiciens locaux.
« Au pays de Fally Ipupa, dans notre Congo d'Afrique, ils ont une règle simple : la rumba est la meilleure musique du monde. Et ils ont bien raison de valoriser ce haut rythme du patrimoine africain et panafricain, parti par les cales des négriers et revenu par les bateaux cubains.
La conséquence est tout aussi simple : vous pouvez être Michael Jackson, James Brown, Elvis Presley, Johnny Hallyday, les Beatles...la priorité absolue dans une cérémonie officielle, une célébration ou un mariage sera donnée à Franco ! Et des Franko, il y'en a au Cameroun... !
Sur les terres des immenses Jocelyn Beroard, Jacob Desvarieux, des Kassav, aux Antilles, vous aurez beau jouer le makossa, haut rythme d'Afrique qui a puissamment inspiré le groupe fondé par Pierre-Edouard Décimus en 79 et dont les piliers ont joué avec Toto Guillaume et Alaji Touré dans la quasi totalité des succès du rythme du pays de Manu Dibango dans les années 80 ; jouer du Aznavour, du Pavaroti, du Demi Roussos ou du Cabrel, tant que les figures et stars du Zouk, du Kompa et de la Biguine n'ont pas presté, il n'y aura ni eu fête, ni eu événement...
Au pays de Flavour, tu serais James Dean, Drake, Beyonce et Jay-Z, P. Diddy, Shakira, ils ont des règles aussi simples que nos frères et sœurs des Congo : Fela avant, le reste après !
En fait, la musique est son mais elle a aussi des couleurs et un drapeau souvent.
La musique est rythme, a des notes universelles mais elle est fille de terroirs, nourrissons de pays. C'est pourquoi, les Français, par exemple, pays carrefour de cultures, qui ont mille chaines et stations et lieux de spectacles pour les musiques du monde entier, ont conçu ce qu'ils appellent : l'exception culturelle !
En pratique, cela donne par exemple, 80 % des musiques françaises sur les chaines et stations de radio et 20 % de musique étrangère. Cela a énormément boosté le spectacle vivant, la visibilité des artistes et le patrimoine du pays de Gainsbourg
La musique n'est donc pas uniquement la mode du moment ; les gouts et couleurs, libres, de chacun. Ce qui marche, chauffe les pistes ; fait le buzz. Elle est aussi cocarde, bannière, flambeau ! Si l'on me donne par exemple, l'argent ou la fortune d'un vendeur de poissons, je monte une belle Maison du Makossa où Desvarieux et Naimro viendront raconter comment ce rythme a nourri le répertoire de Kassav et donner un concert avec Toguy et Alaji Touré. Une belle Sonothèque nationale aussi !
Si tu me donnes l'argent d'un industriel du bar et du maquereau, je monte un de ces spectacles dont les Français ont l'art, à l'image des Vieilles Canailles réunissant Johnny Hallyday, Eddy Mitchel et Jacques Dutronc ou Génération Goldman.
Autrement dit, tu donnes les moyens à Tala, Douleur et Si Tony de te monter une rencontre de virtuoses ; tu organises un raout de ces meilleurs bassistes du monde venus du Cameroun ; tu donnes à Charlotte Dipanda, le brassard de capitaine pour te réunir 50 talents des années 2010 autour du répertoire de Manu Dibango, Messi Martin, Nico Mbarga, Ekambi Brillant, Anne-Marie Ndzié. D'Ebanda Manfred, l'auteur d'Amio, la chanson africaine la plus reprise dans le monde...
On peut faire en Afrique, au Cameroun, du 50 % musiques locales, 25 % musique africaine, 25 % musiques du monde. Et, croyez-moi, ce ne sera que pur bonheur, dans une cérémonie publique ou un mariage de Tété ! Wallaï, ne dites pas que les pauvres n'ont que des idées. Ce que je propose là est parfaitement faisable. Il faut juste un peu d'argent du poisson. Et ces bonnes boissons locales qui peuvent être aussi valorisantes que le Dom Perignon... ».
N.R.M