La jeune dame est aujourd’hui à la tête de Princess Sweet’s, structure qui fait dans la pâtisserie et, contrairement à ceux qui sont dans le même domaine d’activités, elle a choisi d’utiliser pour la préparation de ses gâteaux et autres friandises, de la farine de plantain.
Debout dès les premières lueurs du jour, Aline Lyongha a juste le temps de prendre une tasse de café avant de se mettre au travail. Le four allumé, elle jette un rapide coup d’œil sur son tableau de commandes et apprête les différents ingrédients qui vont lui permettre de créer ses gâteaux, biscuits, petits fours, bref, toutes ces gâteries qui lui ont valu sa renommée actuelle.
Les premiers clients arrivent pratiquement au même moment que ses employés, une dizaine de jeunes gens qui, pour certains l’aident dans la grande cuisine, alors que d’autres sont dans la salle et la troisième catégorie s’occupe des livraisons partout dans la ville.
Jusqu’à 09h30, le rythme est soutenu, avec les va-et-vient, les coups de fil auxquels il faut répondre et toutes ces petites tâches qu’elle exécute désormais avec automatisme.
Les consignes doivent être strictement respectées
Pour atteindre ce niveau, Aline Lyongha a dû se fixer des règles, qu’elle s’efforce de respecter. C’est d’ailleurs l’un des principaux points qui reviennent au cours des réunions hebdomadaires qui se tiennent au sein de son entreprise au début de chaque semaine.
« Vous savez, dans le monde des affaires, surtout lorsqu’on est une jeune entrepreneure, il est important d’asseoir des principes, dont l’un des plus importants est la discipline et, je mets un point d’honneur à ce qu’au sein de « Princess Sweet’s », nul ne l’oublie…
C’est grâce à cette discipline que j’ai pu, en deux ans, atteindre ce niveau. C’est la discipline qu’on s’impose qui nous oblige à nous lever aux aurores et à nous coucher très tard ; C’est elle qui nous impose d’apporter un soin particulier à ce que nous proposons à ceux qui nous font confiance ; C’est cette discipline qui nous permet d’être parmi les leaders dans la confection des pâtisseries avec de la farine locale…
Vous savez comme moi que les Camerounais ne sont pas faciles à contenter. Il est dès lors important de se rassurer de la qualité des aliments qu’on leur propose surtout que c’est tout nouveau ».
Au fil des mois, ses collaborateurs ont été obligés de s’arrimer aux règles de la maison. Les plaintes ou remarques des clients pour faire part de leur mécontentement, sont quasiment inexistantes.
Rester dans la quête permanente d’une nouvelle clientèle
Et, il faut relever que cela reste l’un des principaux challenges de la jeune dame de quarante ans. Elle y consacre la quasi majorité de ses après midi, multipliant des réunions avec les responsables de certains départements ministériels afin d’obtenir des agréments qu’il faut et qui vont, lui permettre de proposer ses réalisations dans les grandes surfaces.
Elle consacre aussi une ou deux heures aux fournisseurs, car, il faut se rassurer de la qualité des produits qui lui sont vendus. Le moindre petit couac pourrait poser des problèmes à ceux qui se sont abonnés chez elle.
Aline Lyongha préfère les produits bios : « La farine de plantain que nous utilisons ces derniers temps est par exemple sans gluten. Ce qui fait que les gâteaux que nous proposons aux diabétiques, aux personnes souffrant de certaines carences alimentaires et même à celles qui veulent préserver leur poids, sont préparés avec des produits à très faibles calories ; Nous ne pouvons nous permettre de mettre la santé de nos clients en danger, en leur faisant consommer n’importe quoi, juste pour vendre ».
Partenariat avec des diététiciens et nutritionnistes
La cheffe d’entreprise révèle qu’elle travaille avec deux cabinets de ce type et, c’est auprès de ces derniers qu’elle s’est faite la grande majorité de sa clientèle. Ce qui l’oblige à rencontrer l’un ou l’autre, selon un calendrier bien précis, à 48 heures d’intervalle.
« Ces rencontres quotidiennes nous permettent de nous rassurer de l’évolution de la santé des patients. Je puis vous rassurer que depuis deux ans, je n’ai reçu aucune plainte faisant état de ce que les « Princess Sweet’s » ont causé des réactions qui auraient été à même de mettre la vie de quiconque en danger ».
Le marketing et la communication : des alliés permanents
Aline Lyongha a pris la résolution de s’entourer d’une équipe d’experts, qui lui permettent d’utiliser par exemple les réseaux sociaux, afin d’atteindre plus de monde. La rencontre se fait chaque soir, après le dîner qu’elle prend sur les bouts de doigts.
Ensuite, il faut répondre aux mails, ainsi qu’aux messages envoyés par les followers, sur les différentes pages créées au nom de « Princess Sweet’s ». Un commentaire ou un simple like suffisent parfois.
La journée s’achève aux alentours de minuit trente, lorsque la jeune dame s’est rassurée que tout est propre et bien rangé, mais surtout que les commandes du lendemain sont prêtes.
Un parcours exceptionnel
Après l’obtention de deux Licences, dont une en Histoire et une autre en Droit privé, dans les universités de la ville aux sept collines, Aline Lyongha a, pendant des années, arpenté les rues des principales ville Camerounaises, déposant les dossiers par ci, faisant tel ou tel autre concours, recherchant des parrains qui auraient peut être pu, selon l’imaginerie populaire, la faire recruter dans l’une des grandes entreprises de la place ; en vain.
C’est au retour d’une foire exposition que le déclic s’est fait dans son esprit car, en visitant les stands, elle a fait la connaissance d’une dame qui proposait des cakes préparés avec de la farine de plantain. Décidé d’en savoir davantage, elle s’est mise à l’école auprès de l’exposante qui était d’ailleurs fort aise de partager son savoir.
Si les débuts ont été difficiles, Aline Lyongha n’a jamais cédé au découragement et, elle espère que des investisseurs vont favorablement répondre à ses sollicitations. Elle pourra ainsi ouvrir d’autres boutiques de « Princess Sweet’s » dans les autres villes du Cameroun, et pourquoi pas, former d’autres jeunes femmes qui trouveront ainsi, un moyen de sortir de la précarité.
Nicole Ricci Minyem