Au meeting organisé par les chefs Sawa du Ngondo, le journaliste Mathieu Nathanael Njog a été victime d'une agression alors qu'il prenait des photos en compagnie d'autres cameramen. Son malheur c'est d'avoir filmé avec son portable androïde.
Un agent du protocole des chefs traditionnels Sawa (dignitaires du Ngondo) a demandé aux gardes des chefs de le rabrouiller manu militari. Il lui était reproché de ne pas être en possession d'une caméra et de n'être pas journaliste ou cameraman d'une chaîne de télévision. Mais plus tard on apprendra qu'on lui reprochait plutôt de filmer en culotte et basket devant les ministres.
Selon le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) qui a rendu un communiqué, au cœur de cette rixe, le journaliste Mathieu Nathanael Njog du tri-hebdomadaire "l'Essentiel du Cameroun" et Secrétaire Général du Syndicat National des Journalistes, n'a eu ni un mot déplacé ni un comportement déshonorant pouvant justifier cette agressivité barbare. Ses vêtements et sa bandoulière de reporter ont été sérieusement endommagés.
Le SNJC salut «la solidarité des confrères présents qui ont spontanément arrêté leur reportage pour voler au secours de leur confrère. Mais ils ne sont pas allés jusqu'au boycott de l'événement comme l'a fait la victime qui a aussitôt quitté le site».
Le SNJC condamne énergiquement ce comportement rétrograde des milices des chefs traditionnels Sawa. L’organisation rappelle que toutes les autorités ont le devoir moral d'assurer la sécurité et la protection des journalistes dans l'exercice de leur fonction.
A cet effet le SNJC demande aux autorités de prendre toutes les dispositions pour «faciliter et sécuriser le déploiement des hommes et femmes de médias pendant cette dernière semaine de campagne et lors du scrutin du 07 octobre 2018 sur l'ensemble du territoire nationale mais aussi et surtout dans les régions à forte menace sécuritaire que sont le Nord, le Sud-Ouest et le Nord-Ouest».
Le SNJC va identifier les responsables de cette violence sur son Secretaire général et se réserve le droit d'en tirer toutes les conséquences.
Au Cameroun, le journaliste n’exerce pas librement son métier. Le recul est plus frappant, depuis l’entrée en vigueur en fin 2014, de la loi anti-terroriste, véritable épée de Damoclès, qui fait planer en permanence sur la tête des journalistes, la menace d’une condamnation à mort et fait trembler la corporation, dont les membres, ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés.
Les menaces des dirigeants camerounais se soldent par de multiples emprisonnements. L’on enregistre des cas de journalistes qui sont emprisonnés, ou sous la menace des poursuites judiciaires, simplement pour avoir fait leur travail.
Si la floraison des journaux, estimés officiellement à 600 pour la presse écrite, 200 stations radiodiffusion sonore et plus d’une trentaine de télévision, évoluant sous la tolérance administrative, fait penser que la liberté de la presse est une réalité au Cameroun, le pouvoir a créé le Conseil national de la communication, son bras séculier.
Officiellement chargé de « réguler » l’exercice de la profession, le CNC dont le président est nommé par le chef du gouvernement, s’est rapidement transformé en organe de répression, à la place de la justice. L’organe s’érige en juge et condamne à tout va, journalistes et organes de presses, par vague, parfois sans débat contradictoire. A chaque session, le CNC, ne rend que des décisions punitives. Aucun rapport d’observation sur le comportement des médias.
Otric N.