Exceptionnellement, le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire 2018 a été décerné cette année à deux écrivains africains : le poète camerounais Timba Bema pour son recueil « Les seins de l’amante » et l’Ivoirien Armand Gauz pour son second roman « Camarade papa ».
Le 237 a été valablement représenté au concours du meilleur écrivain d’Afrique subsaharienne pour le compte de l’année 2018. En effet, le 25 mai dernier, le camerounais, poète Timba Berna a reçu le grand prix littéraire d’Afrique 2018. C’est son premier recueil de poèmes intitulé « Les seins de l’amante » (Edition Stellmaris) qui a été récompensé.
« Cette récompense annonce un peu ce que je me permets d’appeler Le temps des poètes. Né de la même manière que les auteurs de la Négritude, ont finalement définie qu’on peut appeler la conscience africaine, la conscience noire. Ce prix apparaît comme un encouragement », a réagi Timba Bema au micro du Poste national de la CRTV le 28 mai 2019. Son chef-d’œuvre publié en juin 2018 relate des moments douloureux de la période coloniale en l’Afrique.
« Les seins de l’amante est un long chant psalmodié en vers libres, une poésie qui appelle à la libération des corps contraints par le joug de la colonisation et partant de toute oppression (...) Timba Bema nous offre un long poème en prose, où l’évocation des corps — de l’amante, du narrateur — est prétexte à une magnifique allégorie du destin de l’homme africain, du colonialisme à l’affirmation de lui-même… », Souligne l’éditeur Michel Chevalier.
Timba Bema réside en Lausanne (Suisse) depuis une quinzaine d’années. Très actif sur Facebook pour son combat d’influence contre la situation politique de son pays, il prend également une part active à la vie littéraire francophone, notamment par le biais d’une revue en ligne : « La Revue des Citoyens des Lettres ». Il s’est épris de la poésie dès son plus jeune âge. La lecture de l’œuvre « Le Procès de Franz Kafka », le convainc, sa vocation est d’écrire. « J’avais toujours eu de la peine à mettre des mots sur cette sensation, avant bien sûr de croiser la route de Kafka. Dès cette rencontre, les lignes de force constituant la réalité à l’origine de mon malaise se sont peu à peu éclaircies, comme une cité oubliée que l’on dégagerait jour après jour de siècles et de siècles d’ensevelissement. D’une part, il y avait un drame familial. Celui de l’assassinat en 1960 dans le Moungo, pendant la guerre civile, de mes grands-parents, qui étaient des agriculteurs fortunés et influents. D’autre part, il y avait le système tyrannique issu de la colonisation, un système qui, pour durer, tribalise la société et instaure un véritable état policier, tout en cultivant savamment le vide historique. À la lecture de Le procès, j’ai compris que la trame dans laquelle s’inscrivait mon histoire était une prison dont je devais absolument me libérer », explique-t-il.
Notons que, le « Grand prix littéraire d'Afrique noire » est attribué chaque année par l'association des écrivains de langue française, l'ADELF, reconnue d'utilité publique depuis le 19 juillet 1952, dont le but est de « promouvoir l’œuvre des écrivains qui, à travers le monde, s’expriment en français ». Le prix est ouvert aux « écrivains de langue française originaires de l’Afrique subsaharienne, ou à un ouvrage concernant cette zone géographique, en excluant les traductions ».
Timba Bema est cependant, le 15ème camerounais qui reçoit le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire. Après Jean Ikellé-Matiba (1963), François-Borgia Marie Evembé (1967), Francis Bebey (1968), Pierre Mviena (1971), Étienne Yanou (1975), Yodi Karone (1982), Calixthe Beyala (1994), Gaston-Paul Effa (1998), Patrice Nganang (2002), Jag, alias Lydie Itsouomb (2008), Léonora Miano (2011), Eugène Ébodé (2014), Hemley Boum (2015) et Blick Bassy (2016).
Vive le Cameroun !!!
Danielle Ngono Efondo