Au fil des jours, le bilan s’alourdit et les organisations internationales, promptes il y’à quelques semaines encore à porter critique au gouvernement, révisent leur position.
L’ONG Human Rights Watch et l’Unicef, face aux massacres perpétrés contre les jeunes enfants et leurs enseignants, depuis le 3 septembre dernier, n’éprouvent plus aucune sympathie, vis à vis des terroristes. Les responsables de ces deux organismes ont instamment invité les preneurs d’otages et les assassins à respecter le Droit à l’Éducation, inhérent à chaque enfant. Un appel qui est resté sans effet.
Insécurité et cauchemar
C’est en ces termes que l’on peut définir le climat qui prévaut depuis l’annonce de la reprise des classes dans les régions dites anglophones au Cameroun.
Et pourtant, à la veille de cette rentrée scolaire 2018 _ 2019, les messages, venus des leaders ambazoniens avaient circulé à travers les resaux sociaux. Ces derniers disaient qu’ après deux ans d’interruption, les cours allaient normalement reprendre. Or, un autre son de cloche a retenti. A Bambili, l’on a froidement assassiné un directeur d’école. A Bafut, le collège presbytérien a vécu des moments de pires cauchemars, avec l’enlèvement des élèves et du principal de cet établissement scolaire. Ce dernier, relaxé avec le concours de l’armée a succombé quelques jours après, suite à ses blessures reçues pendant le rapt.
Au lycée de Kumbo, au collège Sasse et ailleurs, les assaillants ont investi les lieux, semant la terreur et la désolation.
L’armée Camerounaise et les forces de sécurité, mobilisées dans les villes et villages, n’ont pu dissuader ces hommes et femmes, engagés à perpétrer leurs sales besognes au sein d’une population traumatisée. Et le mot d’ordre de grève observé chaque lundi incite à penser que de ce côté, tout est désert, abandonné. De véritables villes fantômes.
A Miles 16, localité située dans le chef lieu de la région du Sud Ouest, ce sont les commissariats et postes de gendarmerie qui ont été détruits.
On ne compte plus le nombre de déplacés. Des hommes, des femmes et des enfants, obligés de tout abandonner derrière eux parce qu’ils vivent dans une insécurité, un stress permanent. Ils sont désormais comme des réfugiés, à l’intérieur de leur pays. Quelques commercants, résolus à tenir tête aux terroristes ont pratiquement fait banqueroute. Les autres secteurs de l’économie sont mises en berne.
Les femmes, qui dans leur grande majorité avaient épousé la logique de la division du Cameroun, au début de cette crise, sont aujourd’hui revenues à de meilleurs sentiments. Même si certaines refusent de dénoncer leurs enfants, passés dans l’autre bord, elles sont à plusieurs reprises descendues dans la rue, pour implorer à un dépôt des armes. A l’arrêt des assassinats qui souillent le sol de cette terre, riche de toutes ses diversités et considérée comme l’Afrique en miniature.
L’ordre et La cohésion territoriale doivent être préservés
Nombreux sont les fils et filles de ce pays qui, dépourvus de moyens financiers, ne peuvent fuir. C’est pour eux principalement que le geste de solidarité, initié par le Président Paul Biya a été lancé. Une action saluée par l’Organisation des Nations Unies. De ce côté là, on ne parle plus de génocides. Au contraire, l’action gouvernementale est encouragée et les actes terroristes perpétrés au sein d’une population désarmée sont condamnés. L’armée Camerounaise et les forces de sécurité ratissent large, pénétrant dans la forêt profonde, afin de débusquer ces personnes, sans foi ni loi qui s’abreuvent du sang des innocents. Les stocks d’armes sont saisis, de même que les munitions, du matériel de communication, des gris gris …
Les civils ne sont pas en reste. Leur contribution à partir des dénonciations faites, a permis de mettre la main sur quelques leaders; même s’il est avéré que les têtes pensantes sont installées dans les capitales occidentales et en Afrique du Sud.
L’éveil des consciences demeure le leitmotiv des Camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Tous, comme un seul homme demande le retour au calme et le respect de cette terre qui les a vu naître.
Nicole Ricci Minyem