Ils participaient dimanche à une manifestation pacifique pour dire non au «Hold-up électoral» à deux jours de la prestation du président élu, Paul Biya, à l’issu du scrutin du 7 octobre 2018.
Trente-huit partisans de Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle du 7 octobre au Cameroun, ont été arrêtés dimanche à Bafoussam, dans la région de l’Ouest, lors de manifestations contestant la victoire du président sortant Paul Biya.
«Trente-huit personnes ont été arrêtées» lors de manifestations organisées à Bafoussam pour dénoncer le «hold-up électoral» au profit de M. Biya, a affirmé Emmanuel Simh, avocat et cadre du parti de M. Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Un précédent bilan des interpellations, donné dimanche, faisait état de 19 arrestations.
Des membres du MRC avaient annoncé qu'ils avaient l'intention de manifester dimanche à Bafoussam pour protester contre les résultats de la présidentielle du 7 octobre, qui ont donné la victoire au président Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 36 ans. Les 38 personnes «ont toutes été auditionnées hier (dimanche), en présence» du patron régional de la police, a ajouté M. Simh, précisant qu'elles étaient «en train d'être conduites (lundi matin) au parquet» où le procureur de la République décidera de leur sort.
«Après avoir été réprimés avec une rare violence durant leur marche pacifique, ils ont fait l'objet d'arrestations encore plus musclées», a expliqué sur sa page Facebook Olivier Nissack, porte-parole de M. Kamto, promettant que «la résistance nationale pacifique» allait se poursuivre.
Samedi soir, un journaliste du quotidien privé Le Messager, Joseph Olinga a en outre été arrêté à Bafoussam, selon un communiqué du directeur de son journal, Jean François Channon. Il a «été molesté, humilié, traîné au sol sur plusieurs mètres, avant d'être embarqué dans la camionnette de la gendarmerie nationale», s'est offusqué M. Channon, condamnant une «violence injustifiée».
Après des investigations, le journaliste Joseph Olinga Ndoa qui a d’abord été gardé dans un lieu secret, coupé de tout contact avec ses proches a finalement été retrouvé dans les locaux infestes de la brigade de recherche de la gendarmerie nationale de Bafoussam. Son état physique est très alarmant suite aux atrocités dont il a fait l’objet durant son interpellation. Le journaliste du Messager n’a reçu aucune visite, et n’a pas eu le droit de se soigner, et nous craignons désormais pour sa vie.
Le Messager condamne avec force cette violence injustifiée sur un citoyen et davantage un journaliste bien connu au Cameroun et dans la région de l’Ouest. La Direction de Publication du quotidien Le Messager prend l’opinion publique nationale et internationale à témoin face à ces graves violations des droits de l’homme et de la dignité d’un citoyen par des autorités sensées protégé les biens et les personnes.
Kamto conteste les résultats de la présidentielle du 7 octobre, affirmant avoir remporté le scrutin. Il a demandé à la communauté internationale de recompter les votes. Le président Paul Biya, réélu pour un 7e mandat consécutif avec 71,28% des voix (contre 14,23% pour M. Kamto), prêtera serment mardi, 36 ans jour pour jour après son arrivée au pouvoir en 1982. Plusieurs manifestations des partisans du M. Kamto sont prévues mardi au Cameroun et à l'étranger.
Otric N.