Le nouveau Code pénal réprime la mendicité au Cameroun.
Dans toutes les grandes villes du Cameroun, il n’est pas rare de voir des personnes qui vivent de la charité. Enfants, personnes âgées et handicapées, ils vivent grâce à la générosité des passants. En général, ils posent un problème d’argent et sollicitent de l’aide. Les raisons évoquées varient: l’argent de taxi ou des médicaments à compléter, les enfants abandonnés à nourrir, etc. On se rend compte de la supercherie lorsqu’en repassant à cet endroit on revoit la même personne qui repose le même problème à d’autres personnes. Les abords des hôtels de luxes sont aussi très prisés des mendiants.
Le nouveau code pénal réprimande la mendicité au Cameroun. En son article 245, il est dit qu’est puni d’un emprisonnement de 3 mois à 3 ans de prison et une amende de 50 000 à 500 000 FCFA celui qui, ayant les moyens de subsistance ou pouvant se les procurer par le travail, sollicite la charité en quelque lieu que ce soit.
Tout mendiant ne sera pourtant pas exposé à des poursuites judiciaires. La loi prévoit des sanctions pour des personnes qui, «ayant les moyens de subsistance ou pouvant se les procurer par le travail, sollicite la charité en quelque lieu que ce soit». Ceci exclu les enfants mineures (moins de 18 ans). «Les enfants mineures ne sauraient faire l’objet des poursuites judiciaires parce qu’ils n’ont pas à se prendre en charge eux-mêmes. Si jamais un mineur se retrouve devant le tribunal, il bénéficiera des mesures atténuantes. Pour les vieux, ce ne sera pas pareil. On peut en effet travailler même après l’âge de la retraite», explique Me Keou, avocat au barreau du Cameroun.
Pour le Sociologue J. Nkonkep, la mendicité des enfants «est une situation intolérable qui n’est pas près de disparaître», même si «l’Etat du Cameroun s’est engagé à éradiquer ce phénomène, parce qu’il lui manque la volonté pour le faire. Je suis sûre qu’on peut mettre fin à la mendicité des enfants en un temps record, si on en a la volonté. L’Etat en a les moyens».
Le phénomène de la mendicité est en train d’atteindre un seuil critique au Cameroun. Dans les coins de rue vous voyez des hommes et des femmes parfois accompagnés d’enfants en très bas âge comme les jumeaux ou supposés tels qui implorent les passants soit du regard ou de la voix. Quand un homme perd jusqu’à la dignité tout lui devient faisable. Il faut se pencher sérieusement sur la situation pour trouver ne serait-ce qu’un début de solution, estime le sociologue.
«Laisser les vrais et les faux mendiants écumer les centres urbains comme on le voit actuellement, c’est exposer les honnêtes citoyens à un danger potentiel. Il est toujours mieux de soigner le mal à la racine pour éviter de mettre à mal tout le corps», conclut-il.
Otric N.